|
Nouvé dòu pastre (Noël du berger) Paroles niçoises et musique Louis Genari. Traditionnel comté de Nice.
1er couplet |
N’éra, ’mount sus la mountagna, Souta lu baus, en la nèu, Una fea per coumpagna Em’au siéu pichin agnèu, Dintr’un jas qu’au vent si lagna, E courcant en lou mantèu, Qu’un viei pastre de frustagna, Lou pu paure de l’amèu ! | | Il n’y avait, là-haut sur la montagne, Sous les rochers, dans la neige, Une brebis pour compagne Avec son petit agneau, Dans une bergerie qui se plaint dans le vent, Et couchant dans le (son) manteau, Qu’un vieux berger en [habit] élimé, Le plus pauvre du hameau ! |
2e couplet |
Quoura parlèron, au masage, Dòu Diéu nat à Betelèn, E que toui partion en viage Per li pourtà de presènt : « Couma farai, iéu, lou maje, Diguet èu en s’en venènt, Per poudé li rèndre oumage, Iéu, mesquin, que noun ai rèn ? » | | Quand ils parlèrent, au hameau, Du Dieu né à Bethléem, Et que tous partaient en voyage Pour lui porter des présents : « Comment ferai-je, moi, l’aîné, Disait-il en s’en venant, Pour pouvoir lui rendre hommage, Moi, miséreux, qui n’ai rien ? » |
3e couplet |
Ma la nuech, barrant la clea, Aganta lou siéu bastoun E s’en parte embé la fea E lou siéu blanc agneloun ! La bestia pòu li pea En lou siéu marrit sacoun ! Au ciel l’estela lampea Que li sierve de guidoun. | | Mais la nuit, fermant la claire-voie, Il attrape son bâton Et part avec la brebis Et son agnelet blanc ! La bête lui pèse peu Dans son mauvais sac ! Au ciel l’étoile fait des éclairs Qui lui servent de guide. |
4e couplet |
Per quanti longui nuèchada A caminat, lou pauras, Tra li prefoundi valada E lu puei ferouge e escas ! De carità mau dounada Vivènt, durmia ai ribas ! La fet li es mai mancada Ma au fin, couma èra las ! | | Pendant combien de longues nuitées Il a cheminé, le pauvre, Parmi les profondes vallées Et les cîmes farouches et étroites ! De charité mal donnée Il vivait, dormait sur les talus ! La foi [ne] lui a jamais manqué Mais à la fin, comme il était làs ! |
5e couplet |
Sus lou pas de la jaina, Estrassat couma un mandiant, Auguet pòu, me la siéu mina, D’anà soulbaià l’enfant, E que la Maire, vesina, L’escassegue embé la man ! Ma ’na fourça l’entraïna E s’apressa en tremoulant ! | | Sur le seuil de l’étable, Déguenillé comme un mendiant, Il a eu peur, avec sa mine, D’aller embrasser l’enfant, Et que la Mère, voisine, Ne le chasse de la main ! Mais une force l’entraîne Et il s’approche en tremblant ! |
6e couplet |
Ve lou bambin adourable Soubre la paia alairat, Embé sa maire, en l’estable, E n’es tout adoulourat ! Ma la Vierge, en gèst aimable, Lou li a lèu presentat ! Eu li di : « Sièu miserable, Ma cèn qu’ai, lou v’ai pourtat. » | | Il voit le bambin adorable Sur la paille couché (1), Avec sa mère, dans l’étable, Et il en est tout affligé ! Mais la Vierge, en un geste aimable, Le lui a vite présenté ! Lui, il lui dit : « Je suis misérable, Mais ce que j’ai, je vous l’ai apporté. » |
7e couplet |
Entrant dintre la cabana Embé l’ae e lou gros bòu, Agnèu e fea de lana Li soun agregat dòu còu, E l’enfant, sensa matana, Que lou viei li fa pas pòu M’ai siéu bras li fa coulana E lou baia tant que pòu. | | Entrant dans la cabane Avec l’âne et le gros bœuf, Agneau et brebis de laine S’y sont mélangés d’emblée, Et l’enfant, sans caprice, À qui le vieux ne fait pas peur Avec ses bras il lui fait un collier Et l’embrasse tant qu’il peut. |
8e couplet |
Pi, lou paure mai s’avara E s’arecampe au siéu touet. Rèn lou pressa e mai encara, Si ferma à pregà soulet. Quoura arriba à li siéu barra, De li glaça tout es net, E la prima chèpa e clara Fa verdura e fa bouquet ! | | Puis, le pauvre encore s’élance (2) Et s’en retourne chez lui (3). Rien ne le presse et plus encore, Il s’arrête pour prier seul. Quand il arrive à ses falaises, De la glace tout est dégagé, Et le printemps tiède et clair Fait verdure et bouquet ! |
9e couplet |
Ma que aude ? Quoura passa, Lou masage es en remoun. E que vé ? Cadun s’efaça Denant d’èu, m’amiracioun ! E damount, damount, en plaça Dòu siéu jas, li a ’na maioun M’un troupèu de bella raça De cent fea e cent moutoun. | | Mais qu’entend-il ? Quand il passe, Le hameau fait grand bruit. Et que voit-il ? Chacun s’efface Devant lui, avec admiration ! Et là-haut, là-haut, à la place De sa bergerie, il y a une maison Avec un troupeau de belle race De cent brebis et cent moutons. |
10e couplet |
E lou viei, me maraviha Sènte au couor un sanc nouvèu. Li revèn ai gauta e briha Un pel jouve e bloundinèu. S’aginouia e d’alegria E d’amour, me tout l’amèu, Ploura e pi prega Maria E Jesù, l’Enfant tant bèu. | | Et le vieux, avec émerveillement Sent au cœur un sang nouveau. Il lui revient aux joues, et brillant, Un poil jeune et blondinet. Il s’agenouille et d’allégresse Et d’amour, avec tout le hameau, Pleure et puis prie Marie Et Jésus, l’Enfant si beau. |
1. Alairat : en parlant d’une plante couchée sur le côté. 2. Avarà : se dit d’un navire que l’on met à l’eau. 3. Touet : lieu escarpé, nid d’aigle.
Bibliographie | • | Delrieu (Georges), Anthologie de la chanson niçoise, Nice, éd. Delrieu et Cie, 1960, p. 232-233. | • | Tosan (Albert), Princivalle (Gaël) et d’Hulster (Frédéric), Anthologie de la chanson du comté de Nice, Nice, Serre éditeur, collection « Encyclopædia niciensis – Patrimoine régional », vol. III, 2001, p. 190-191. |
Retour page musique - Haut
© 2001-2023 Jean-Gabriel Maurandi.

|