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Doun Soulina (Dom Soulina) (L’Abbé Soulina) Paroles niçoises et musique Louis Genari. Traditionnel comté de Nice.
Fameux chanoine niçois dont Rancher fait le portrait sous les traits de Nasoulin dans sa Nemaïada, et tête de Turc de François Guisol dans La Mensoneghiera, Doun Soulina était connu pour ses réparties naïves ; ses sermons d’une simplicité toute pure mettaient en joie ses ouailles et ses collègues.
1er couplet |
Lou bouon preire Doun Soulina, Qu’es curat à Cantaroun, Dau decan de l’Escarena A reçut envidacioun Per lou gran past de la counfirmacioun. Tant per si emplì la pansa Que per plas’ à Mounsignour, Ai bouo’i vin, à la pitança, Mourre lec a sauput fair’ òunour ; Ma tambèn l’oura s’avança, Au vilage cau faire retour. | | Le bon prêtre dom Soulina, Qui est curé à Cantaron, Du doyen de l’Escarène A reçu [une] invitation Pour le grand repas de la confirmation. Autant pour s’emplir la panse Que pour plaire à Monseigneur, Aux bons vins, à la pitance, Fin gourmet il a su faire honneur ; Mais aussi l’heure s’avance, Au village il faut faire retour. |
Refrain |
La muleta que lou pouorta Trota, trota, trota, trota, Tra, ta ta, tra, ta ta, tra, ta ta, tra, Ah que bella journada. Entant la muleta trota, Trota, trota, trota, trota, Tra, ta ta, tra, ta ta, tra, ta ta, tra, E que bella taulada ! | | La petite mule qui le porte Trotte, trotte, trotte, trotte, Tra, ta ta, tra, ta ta, tra, ta ta, tra, Ah ! Quelle belle journée. (Et toujours) la petite mule trotte, Trotte, trotte, trotte, trotte, Tra, ta ta, tra, ta ta, tra, ta ta, tra, Et quelle belle tablée ! |
2e couplet |
Denant lu siéu uès que brilon, Tourna-mai passon lu plat : Li raiola que resquilhon, Lou civié tant perfumat, Lou gros poulas que l’evesque a coupat, Li primour que tant n’agrea De s’en faire un plèn gamoun, Pi la tourta qu’es de blèa Per respèt de li tradicioun, M’au champagne que petea E fà crèisse l’alègre remoun. | | Devant ses yeux qui brillent, De nouveau passent les plats : Les raviolis qui glissent, Le civet tant parfumé, Le gros poulet que l’évêque a coupé, Les primeurs qui tant nous plaisent [Au point] de s’en faire un plein gosier, Puis la tourte, qui est de blette Par respect des traditions, Avec le champagne qui pétarade Et fait croître l’allègre tapage. |
3e couplet |
Pènsa, entant que s’esperlèca, A li siéu soupa d’aiet, A la merlussa tròu seca, Au couos d’aiga per la set : De vin n’en bèu qu’à la messa e qu’un det. Ah, se d’una grossa cura Auguesse un jour lou proufit, La servènta, pas madura, Li tendria lou taulié garnit D’antipast, de counfitura E de doba mé de bouo’i roustit. | | Il pense, pendant qu’il se pourlèche, À ses soupes à l’ail, À la morue trop sèche, Au seau d’eau pour la soif : Du vin, il n’en boit qu’à la messe, et qu’un doigt. Ah ! Si d’une grosse cure Il eût un jour le profit, La servante, pas [trop] mûre, Lui tiendrait la table garnie D’entrées, de confitures Et de daubes avec de bons rôtis. |
4e couplet |
Ma qu saup s’es la civada, O l’estable o ’n repoumpèu, Denant la gleia arribada La muleta aqui, tant lèu, Ti mand’ en l’ària un gran còu de rastèu. Em’ au crèp que si devina, Chavirat coum’ un gros fai, Nouostre brave Doun Soulina, Au mitan dei siéu bei pantai, Pic’ en terra de l’esquina, Sensa màncou poudé dire : Aih ! | | Mais qui sait si c’est l’avoine, Ou l’étable ou un obstacle (cahot), Devant l’église arrivée La petite mule, ici, très vite, T’envoies en l’air un grand coup de râteau (1). Avec la détonation que l’on devine, Chaviré comme un gros fardeau, Notre brave dom Soulina, Au milieu de ses beaux rêves, Tombe à terre sur l’échine, Sans seulement pouvoir dire : Aïe ! |
Dernier refrain |
Courron, courron li vesina, Courron toui lu parrouquian, Tra, ta ta, tra, ta ta, tra, ta ta, tra, Ah ! Bèu Diéu cèn qu’arriba ? L’ausson, li cascon la giba, Ma éu di, remerciant : « Bouoni frema, sias bèn bravi, Tant-tout-un m’en calavi (2). » | | Elles courent, elles courent les voisines, Ils courent tous les paroissiens, Tra, ta ta, tra, ta ta, tra, ta ta, tra, Ah ! Bon Dieu, qu’est-ce qui arrive ? Ils l’haussent (le relèvent), lui secouent (frictionnent) la bosse, Mais lui dit, remerciant : « Bonnes femmes, vous êtes bien braves, De toute façon, je m’en descendais. » |
1. Rastèu : râteau, épine dorsale, crête ondulée. Ici, il s’agit du derrière. 2. L’expression, bien commode pour sauver la face dans une circonstance fâcheuse, est devenue populaire à Nice.
Bibliographie | • | Delrieu (Georges), Anthologie de la chanson niçoise, Nice, éd. Delrieu et Cie, 1960, p. 66-67. | • | Tosan (Albert), Princivalle (Gaël) et d’Hulster (Frédéric), Anthologie de la chanson du comté de Nice, Nice, Serre éditeur, collection « Encyclopædia niciensis – Patrimoine régional », vol. III, 2001, p. 98-99. |
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