1er couplet |
— Ausse-ti, frema ! Vièste-ti bèn ! Un ange crida Qu’a Betelèn, En un presèpi, Lou Messia ’s bèu nat E qu’una ’stela Ver éu n’en guiderà ! | | — Lève-toi, femme ! Vêts-toi bien ! Un ange crie Qu’à Bethléem, Dans une crèche, Le Messie est bien né Et qu’une étoile Vers lui nous guidera ! |
2e couplet |
— Va-li, moun ome, Iéu rèsti aqui. Siou ben troù vièia Per t’assegui. S’es un miracle Lou veirès toui ensèn ; Parte mei autre, Avau, vèr Betelèn. | | — Vas-y, mon homme, Moi, je reste ici. Je suis bien trop vieille Pour te suivre. Si c’est un miracle Vous le verrez tous ensemble ; Pars avec les autres, En bas, vers Bethléem. |
3e couplet |
— Douna pan, barla, Cèrca ’n agnèu. Luse un bèl astre Couma ’n soulèu. Tu, fai la garda Dintre e fouora maioun ; Nautre en viage S’enanan dau pichoun. » | | — Donne du pain, un tonnelet (1), Cherche un agneau. Il luit un astre Comme un soleil. Toi, fais la garde Dans et hors la maison ; Nous autres en voyage Nous en allons (vers le) petit. » |
4e couplet |
Marchon que marchon ! Soun arribat. Un vieil estable An atrouvà. Su ’n poù de paia N’es courcat lou bambin, Lou boù e l’aë Lou rescaufon vesin. | | Ils marchent qu’ils marchent ! Ils sont arrivés. Une vieille étable Ils ont trouvée. Sur un peu de paille Est couché le bambin, Le bœuf et l’âne Le réchauffent, proche. |
5e couplet |
Misèricordia ! Que pauretà ! Rèn qu’una grùpia Per l’assoustà. Tounut escasi Su lou jas déu durmi ! Qu pourria dire Qu’un diéu repauva aiçi ? | | Miséricorde ! Quelle pauvreté ! Rien qu’une mangeoire Pour l’abriter. Tout nu presque Sur la litière il doit dormir ! Qui pourrait dire Qu’un dieu repose ici ? |
6e couplet |
Lu bergié ièntron Mei siéu presènt. Eu si reviha En lu audèn, E eu de lu veire, Su lou coù, a toui ri Couma se n’èron De toujou bouoi amic. | | Les bergers entrent Avec leurs présents. Lui se réveille En les entendant, Et lui de les voir, Sur le coup, à tous rit Comme s’ils étaient Depuis toujours bons amis. |
7e couplet |
Pi s’aginouion En l’adouran. Eu remercia Eme la man ! Au siéu front tendre Fa courouna ’na lus : Soulet poù èstre Lou bambin Diéu Jesu. | | Puis ils s’agenouillent En l’adorant. Lui remercie Avec la main ! À son front tendre Il fait couronner une lumière : Seul peut être Le bambin Dieu Jésus. |
8e couplet |
La Vierge Maire Lou piha ai bra E noun s’apaga De lou baià. A lou couor gounfla D’esperança e d’amour E pura ’s grèva De noun sau que timour ! | | La Vierge Mère Le prend (dans ses) bras Et ne s’apaise pas De l’embrasser. Elle a le cœur gonflé D’espérance et d’amour Et pourtant il est grevé De ne pas savoir de quelle crainte ! |
9e couplet |
La paioulada Si souvèn proun De l’anounçada De l’ange blount ! Una mesquina Partouri lou vèr Diéu ! Que destinada Per la maire e lou fiéu. | | L’accouchée Se souvient suffisamment De l’annonce De l’ange blond ! Un misérable Enfantement [pour] le vrai Dieu ! Quelle destinée Pour la mère et le fils. |
10e couplet |
Lou gran mistèri De la siéu car Mai la tourmenta Per l’enfan car. Mèstre doù mounde E tra lu ome Qu mai lou crèsedà ? | | Le grand mystère De sa chair Davantage la tourmente Pour l’enfant cher. Maître du monde Et parmi les hommes Qui davantage le croirait ? |
11e couplet |
Tamben lu pastre Provon un afan. O que belessa D’aquel enfan ! Ma ’n que misèria L’inoucènt es loujat ! Couma doulènta La siéu maire es dejà ! | | Aussi les bergers Éprouvent une offense. Ô quelle beauté [Celle] de cet enfant ! Mais dans quelle misère L’innocent est logé ! Comme dolente (2) Sa mère est déjà ! |
12e couplet |
Pi s’arecampon Cadun au siéu. — Duèrbe, ma frema, Duèrbe, siou iéu ! De bouona soupa Fa-mi leù un platas, Que de la routa Iéu mi senti ben las ! | | Puis ils retournent Chacun chez soi. — Ouvre, ma femme, Ouvre, je suis moi ! De [la] bonne soupe Fais-moi vite un [grand] plat, Que de la route Moi, je me sens bien las ! |
13e couplet |
— Manja, moun ome ! Ma que li a Que ti descouores E vas plourà ? — Ah ! Frema, frema, Fa pietà çèn qu’ai vist ! Li a ren su terra De plu paure que Crist ! | | — Mange, mon homme ! Mais qu’est-ce qu’il y a Que tu te décolores Et vas pleurer ? — Ah ! Femme, femme, [Ça] fait pitié ce que j’ai vu ! Il n’y a rien sur terre De plus pauvre que Christ ! |
14e couplet |
— Paue-ti, manja, Que siès tan las ! Deman, adaise, Mi cuènteras. — Ve, ’n la pauriha S’es naissut nouostre Diéu, Es que prefèra Qu sofre couma éu ! | | — Repose-toi, mange, Que tu es tellement fatigué ! Demain, posément, Tu me conteras. — Vois, dans la pauvreté S’il est né notre Dieu, C’est qu’il prefère Qui souffre comme lui ! |
15e couplet |
— Pisque me nautre Voù ben pati, Deven lou creire E lou servi ! — Aco ’s vèr, frema ! Dounèn-li nouostre couor ! Que joia e pena Partegen viéu e mouort ! | | — Puisqu’avec nous autres Il veut bien pâtir, Nous devons le croire Et le servir ! — Cela est vrai, femme ! Donnons-lui notre cœur ! Que la joie et la peine Nous partagions vivant et mort ! |
16e couplet |
— Moun ome, es tardi, Coù repauà ! L’un aprè l’autre L’anèn prega, Per que n’assiste En lu marrit moumen E n’en mantengue En pas e sauvamen. » | | — Mon homme, il est tard, Il faut [se] reposer ! L’un après l’autre Nous allons le prier, Pour qu’il nous assiste Dans les mauvais moments Et nous maintienne En paix et [dans le] salut. » |