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Tenda, Briga à la Fransa (Tende, la Brigue à la France) Paroles niçoises Jouan Nicola, musique François Mattei. Traditionnel comté de Nice.
Les paroles françaises d’origine, versifiées par Jacques Barjac, ne sont pas reproduites ici. Le texte en français correspond à la traduction mot à mot de la version niçoise.
Après la seconde annexion de 1860, quelques communes et hameaux des hautes vallées de la Roya, de la Tinée et de la Vésubie, dont Tende et la Brigue, ont été conservés par le royaume de Piémont-Sardaigne (1), qui deviendra 10 ans plus tard le jeune État italien. Le transfert de souveraineté de ces territoires, de l’Italie vers la France, ne sera effectif que le 16 septembre 1947, confirmé par le référendum du 12 octobre, suite aux dispositions du traité de paix franco-italien signé à Paris le 10 février 1947 entre les Alliés et la République italienne, prévoyant la rectification des frontières après la défaite de l’Axe à la fin de la seconde guerre mondiale.
Cette chanson rappelle les difficultés rencontrées, tout au long de ces 87 ans, par les habitants de ces communes et hameaux pour obtenir la réintégration au comté de Nice, devenu français sous le nom du département des Alpes-Maritimes.
1. Suite aux tractations entre Cavour et Napoléon III, ainsi qu’à volonté de Victor-Emmanuel II désirant conserver ses « chasses royales ».

La plaque commémorative dévoilée le 16 septembre 1947 par Aimable Gastaud (Briga Marittima, 2 septembre 1900 - La Brigue, 7 mai 1974).
Le Comité d’étude des frontières (CEF) et le Comité des six communes (Belvédère, Isola, Rimplas, Saint-Martin-Vésubie, Saint-Sauveur-sur-Tinée et Valdeblore) sont fondés le 15 septembre 1944, peu après la libération de Nice fin août 1944. Le 18 septembre, Aimable Gastaud fonde le Comité d’action en vue du retour à la France des territoires de la Haute-Roya, encore appelé Comité de rattachement, affilié au CEF. Après le repli des forces allemandes du massif de l’Authion le 24 avril 1945, le Comité de rattachement prend en charge l’administration de Tende et de la Brigue, mais courant juin 1945 l’Allied Military Government of Occupied Territories (AMGOT) – gouvernement militaire d’occupation formé par des officiers britanno-américains – demande aux troupes françaises de se retirer en-deçà des frontières de 1939. Pendant les 2 ans d’incertitude qui suivent, Aimable Gastaud travaille sans relâche pour faire aboutir la cause du retour à la France, en s’affirmant comme le leader du Comité de rattachement. Mais le 16 septembre 1947 ne marque pas la fin des démarches auprès des autorités civiles et militaires. Aimable Gastaud devra encore se battre pendant un quart de siècle, en tant que membre de la « délégation spéciale » de la Brigue, puis avec les mandats de maire de la Brigue puis de Tende, et enfin de conseiller général du canton de Tende, pour apurer les problèmes nés du transfert de souveraineté de l’Italie vers la France.D’après Christophe Couttenier et Bernard Gastaud, « Aimable Gastaud, l’âme du rattachement de Tende ». | | 1er couplet |
Gardavas l’esperansa Despì de l’annessioun En l’amour de la Fransa De faire vouastr’ unioun. En li vouastri mountagna, O fraire doù comtat, Couma en li campagna Avès sempr’ esperat. | | Vous gardiez l’espérance Depuis l’annexion Dans l’amour de la France De faire votre union. Dans vos montagnes, Ô frères du comté, Comme dans les campagnes Vous avez toujours espéré. |
Refrain |
Tendasque, Brigasque, Si dounan toui la man. La Fransa s’avansa Car siès lu siéu enfant ! E Nissa si drissa, Vou duerben lou siéu couar. Sien fraire, sien fraire En acheù giou d’espoir. | | Tendasques, Brigasques, Nous nous donnons tous la main. La France s’avance Car vous êtes ses enfants ! Et Nice se dresse, Vous ouvrant son cœur. Nous sommes frères, nous sommes frères En ce jour d’espoir. |
2e couplet |
Coura, en jun quaranta, L’afrous cóu de poignard A la Fransa mouranta Levava tout espoir, Aloura avès jurat Qu’un giou retournerès M’au fraire doù comtat Per estre mai francès. | | Quand, en juin quarante, L’affreux coup de poignard À la France mourante Enleva tout espoir, Alors vous avez juré Qu’un jour vous retourneriez Avec les frères du comté Pour être à nouveau français. |
3e couplet |
Maugra la tiranìa D’un regime odious, Aimavas la patria Doun lou noum v’èra dous. Sus li plus auti cima Lu pastre an cantat Per que vengue, sublima, L’oura de libertà. | | Malgré la tyrannie D’un régime odieux, Vous aimiez la patrie Dont le nom vous était doux. Sur les plus hautes cimes Les bergers ont chanté Pour que vienne, sublime, L’heure de liberté. |
4e couplet |
Damoun, lu vouòstre paire Qu’an voutat l’annessioun Per que siguen toui fraire Auran satisfassioun. Que naisse mai l’espiga Doun li èra lu canoun, Car Tenda e la Briga De Fransa an lou noum. | | Là-haut, vos pères Qui ont voté l’annexion Pour que nous soyons tous frères Auront satisfaction. Que naisse à nouveau l’épi Là où étaient les canons, Car Tende et la Brigue De France ont le nom. |
Bibliographie | • | Tosan (Albert), Princivalle (Gaël) et d’Hulster (Frédéric), Anthologie de la chanson du comté de Nice, Nice, Serre éditeur, collection « Encyclopædia niciensis – Patrimoine régional », vol. III, 2001, p. 257. | • | revue Lou Sourgentin, Nice, n° 129, 1997, p. 36. |
Voir également Le cinéma.
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