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Lu Capitani de quartié (Les Capitaines de quartier) Paroles niçoises et musique Georges Delrieu. Traditionnel comté de Nice.
Refrain |
Enviscat, lou sièn per la vida, Lu capitani de quartié ; Jamai la fachend’es finida En aquèu maladit mestié ! | | Englué, nous le sommes pour la vie, Les capitaines de quartier ; Jamais l’embarras ne finit Dans ce maudit métier ! |
1er couplet |
Dins lu palai, maioun, soufièta, De l’auba fin au calabrun, Mi cau cuntà à testa quieta Quant d’ome vièi, jouve, rous, brun ; Saupre s’emprugni soun li frema, E se si juega m’au coutèu. Es bèn perqué lou diau s’estrema : L’infer vau mai qu’un tau soulèu ! | | Dans les palais, maisons, mansardes, De l’aube jusqu’au crépuscule, Il me faut compter à tête reposée Combien [il y a] d’hommes vieux, jeunes, roux, bruns ; Savoir si s’empoignent les femmes, Et si on joue au couteau. C’est bien pourquoi le diable se cache : L’enfer vaut mieux qu’un tel soleil ! |
2e couplet |
L’autre jour, per una chamada, M’an demandat la permessioun. Couma de just, l’ai accourdada : Es un dever de li founcioun. De bram à espessà lu bari ! Bessai cauqu’un es rasclat vièu ? La chamad’èra un charivari E noun sabès per qu ?... Per iéu ! | | L’autre jour, pour une aubade, On m’a demandé la permission. Comme de juste, je l’ai accordée : C’est un devoir de mes fonctions. Des cris à briser les murs ! Peut-être quelqu’un est dépecé (1) vif ? L’aubade était un charivari Et vous ne savez pas pour qui ?... Pour moi ! |
3e couplet |
A ièu m’en arrib’una bella : Bèu de maioun, audi un tabus, Cour’ai trovat esta sequella : Si batton toui, menchoun et gus, Davan la pouòrta Sant-Antoni. Bèn ! Lou mi rendon en vuant D’ençamoun, sus lou suc, un toni ! Ah ! Siguès bouon devers Bertrand (2) ! | | À moi, il m’en arrive une belle : Je bois à la maison, j’entends un vacarme, Quand j’ai trouvé cette kyrielle : Ils se battent tous, niais et gueux, Devant la porte Saint-Antoine. Bien ! Ils me le rendent en vidant D’en haut (3), sur la tête, un pot de chambre ! Ah ! Sois bon avec Bertrand ! |
4e couplet |
Mi fan souonà un autre sèra : « Una fiha vèn d’enfantà. » Coura m’an dich lou luec doun èra, La mièja nuech audi picà. M’en courri veir’ à la Marina Se lou bastart naissut es bèu. Li trovi, souta d’amarina, Una cagna... me sièi cadèu ! | | Ils me font appeler un autre soir : « Une fille vient d’enfanter. » Quand ils m’ont dit le lieu où c’était, Minuit j’entends sonner. Je cours voir à la Marine Si le batard né est beau. J’y trouve, sous de l’osier (4), Une chienne... avec ses chiots ! |
5e couplet |
Au fuec ! Au fuec ! cadun cridava. Per carièra, per careiròu : Au fuec ! Au fuec ! Castèu cremava. D’incant li vau m’au roumairòu. Darrié de ièu cadun cargava Seia, stagnoun soubre de mùu. Devinas cenque m’asperava ! Un bram : « Lou fuec, l’avès au cùu ! » | | Au feu ! Au feu ! chacun criait. Par les rues, par les ruelles : Au feu ! Au feu ! Le château brûlait. De fascination, j’y vais avec l’arrosoir. Derrière moi, chacun chargeait Seilles, estagnons (5) sur des mulets. Devinez ce qui m’attendait ! Un cri : « Le feu, vous l’avez au cul ! » |
1. Rasclà : racler, sarcler, ramoner. 2. Siguès bouon devers Bertrand, lou ti rende en cagant : Sois bon avec Bertrand, il te le rend en ch***. 3. D’ençamoun ou d’en amoun ou damoun, d’en haut ou de là-haut, c’est-à-dire par la fenêtre. 4. C’est-à-dire sous des paniers en osier, destinés à transporter ou stocker les poissons. 5. Seille : récipient en bois ou en toile, en forme de seau (du latin situla, seau). Estagnon : récipient métallique étamé, destiné à contenir des liquides (du provençal estanh, étain).
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