|
Li Esclops (Les Sabots) ou Èron de Saugues (Ils étaient de Saugues) Traditionnel Occitanie.
1er couplet |
Quant té coustèroun (ter) ti esclops Quand éroun (ter) nòu ? (bis) | | Combien te coûtèrent (ter) tes sabots Quand ils étaient (ter) neufs ? (bis) |
2e couplet |
Cinq sòus coustèroun (ter) mi esclops Quand éroun (ter) nòu. (bis) | | Cinq sous coûtèrent (ter) mes sabots Quand ils étaient (ter) neufs. (bis) |
3e couplet |
Cinq sòus de tachos (ter) mi esclops (...) | | Cinq sous de clous (ter) mes sabots (...) |
4e couplet |
Cinq sòus de batos (ter) mi esclops (...) | | Cinq sous de bois (ter) mes sabots (...) |
5e couplet |
Cinq de courrejo (ter) mi esclops (...) | | Cinq de courroie (ter) mes sabots (...) |
6e couplet |
Iéu lous trauquere (ter) mi esclops Quand éroun (ter) biels (bis) | | Je les trouais (ter) mes sabots Quand ils étaient (ter) pièce de bois (bis) |
7e couplet |
Iéu lous farrère (ter) mi esclops (...) | | Je les ferrais (ter) mes sabots (...) |
8e couplet |
Bourda de rouge (ter) mi esclops (...) | | Bordés de rouge (ter) mes sabots (...) |
9e couplet |
La gansa verda (ter) mi esclops (...) | | La ganse verte (ter) mes sabots (...) |
10e couplet |
Passan su’ l’ glaço (ter) mi esclops Failhèroun (ter) plòu ! (bis) | | Passant sur la glace (ter) mes sabots Ils faisaient (ter) plòu ! (bis) |
11e couplet |
Lous me cambieroun (ter) lous esclops (...) | | Ils me les changèrent (ter) les sabots (...) |
12e couplet |
Lous me randeroun (ter) lous esclops (...) | | Ils me les rendirent (ter) les sabots (...) |
L’une des versions provençales propose le 1er couplet suivant : Digo bergièro (bis) Quant té coustèroun ti esclops Quand éroun (ter) nòu ? (bis) | | Dis, bergère (bis) Combien te coûtèrent tes sabots Quand ils étaient (ter) neufs ? (bis) |
La version du Puy-en-Velay s’intitule Èron de Saugues (Ils étaient de Saugues) : Èron de Saugues (ter) mos esclòps Quand èron (ter) nòus. (bis) | | Ils étaient de Saugues (ter) mes sabots Quand ils étaient (ter) neufs. (bis) |
Z’èron de boès de fraisse (ter) mos esclòps (...) |
’chatère de correjas (ter) mos esclòps (...) |
Te los farrère (ter) mos esclòps (...) |
Cachàvan la mèrda (ter) mos esclòps (...) |
Los especère (ter) mos esclòps (...) |
Mès los purère (ter) mos esclòps (...) |
« Hier encore dans l’Armagnac on offrait aux “promises” de fins sabots de mariage, noirs, jaunes ou bleus, vernis au fer et décorés de fleurs emblématiques. « On l’essayait en grande pompe la veille des épousailles. Assise entre ses parents, entourée des donzellons et des donzelles, la fiancée tendait son pied. La première donzelle apportait le sabot, le premier donzellon en chaussait la promise. Et alors, à genoux, le marteau à la main, le fiancé clouait la troisse à la mesure du coup de pied, en frappant gaiement sur les petites pointes bleues. Et, tandis que la fiancée court-vêtue rougissait, les donzelles demandaient en chantant aux donzellons : “Dige, dige, dounzéloun, quan t’an coustat lous bets esclops ? Dis-nous, dis-nous, donzellon, combien t’ont coûté les beaux sabots ?” « Et les donzellons répondaient : “Cin sos dé boï, cin sos dé trousso, cin sos dé tatches, coum soun touts naous. Cinq sous de bois, cinq sous de drapée (1), cinq sous de pointes, comme ils sont tout neufs.” » J. de Pesquidoux, Chez nous. Travaux et jeux rustiques, cité par P. Saintyves, in Les Contes de Perrault et les Récits parallèles.
Lors du mariage par procuration, les princes envoyaient le soulier à leur future épouse, mais évitaient ainsi de la chausser et de s’humilier en s’inclinant devant elle. La Cendrillon de Perrault ou des frères Grimm perd sa pantoufle de verre en quittant précipitamment le palais (2), le prince ne la reconnaîtra qu’en lui faisant essayer le soulier perdu. C’est une paire de souliers que les enfants déposent au pied de la cheminée. « On quête avec le soulier non seulement quand on s’adresse aux fées, au bonhomme Noël, au père Janvier ou à saint Nicolas, mais lors d’un mariage. (...) Autrefois en Normandie, on mettait en vente la chaussure de la mariée (...) » Plus près de nous, c’est la jarretière de la mariée qui est vendue aux enchères. Le soulier figure ainsi dans de nombreuses cérémonies symboliques. D’après P. Saintyves précité, ce serait « un test de possession et d’autorité (...) Le soulier est un véritable appel au fiancé, servant à guider ses recherches (...) La coutume de l’essai de la chaussure constitue un rite d’élection et d’investiture ». La tradition chinoise considère que la chaussure de petite taille symbolise l’harmonie dans les rapports amoureux entre hommes et femmes ; pour cette même tradition, la chaussure est de plus le symbole du sexe féminin.
Dans la chanson traditionnelle Aux marches du palais, la « tant belle fille qui a tant d’amoureux et ne sait lequel prendre » accorde finalement son choix à : « C’est un p’tit cordonnier Qui a eu sa préférence.
« C’est en chaussant son pied Qu’il lui fit sa demande. » Plus près de nous, Francis Lemarque et Rudi Revil ont composé ce Petit Cordonnier, qui a eu moins de chance ! « Un petit cordonnier qui voulait aller danser Avait fabriqué de petits souliers. Une belle est entrée qui voulait les acheter, Mais le cordonnier lui a declaré :
— Ils seront à vous sans qu’il vous coûte un sou, Mais il vous faudra danser avec moi. — Petit cordonnier t’es bête, bête, Qu’est c’que t’as donc dans la tête, tête ? Crois-tu que l’amour s’achète, chète Avec un’ pair’ de souliers ? »
En résumé, il ne s’agit que de trouver « chaussure à son pied », avant de prendre le sien... 1. Trousso, drapée : contenu d’un drap, plein de certaines choses, fermé et lié par ses quatre coins.
2. Cendrillon est passée dans la langue commune avec l’expression « la permission de minuit ». Mais on se trompe sur le sens des paroles de la fée-marraine. « Tu n’attendras pas que minuit sonne » signifie tout autre chose. Pour que Cendrillon voyage de la cendre vers la lumière, pour que Cendrillon devienne véritablement unique et irremplaçable, pour que le cœur du prince soit atteint par la maladie d’amour, alors il est impératif que Cendrillon disparaisse. Car rien ne s’éteint aussi vite qu’un désir assouvi.
Retour page musique - Haut
© 2001-2023 Jean-Gabriel Maurandi.

|