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Fraire Janvié (Frère Janvier) Paroles niçoises Jouan Nicola, musique Jo Berardy. Traditionnel comté de Nice.

Dessin paru dans Anthologie de la chanson niçoise, éd. Delrieu, pour illustrer Fraire Janvié. | | 1er couplet |
Au tem que li èra lu padre, Lu bouoi padre de Cimiez, Vivion dintre d’un cadre Qu’au mounde rèn n’es parrié. Semenavon de salada De mesclun que n’en plas tant ; La roba revertegada, Travaiavon en pregan. Lou mesclun a bèn poussà, Cadun va lou rabaià. | | Au temps qu’il y avait les pères, Les bons pères de Cimiez, Ils vivaient dans un cadre Qu’au monde rien n’est pareil. Ils semaient de la salade, Du mesclun (1) qui plaît tant ; La bure retroussée, Ils travaillaient en priant. Le mesclun a bien poussé, Chacun va le ramasser. |
Refrain |
Fraire Janvié n’en calava la salada, Fraire Janvié, dai bouoi padre de Cimiez, Emb’ au panié su la mula arnescada, Fraire Janvié trotta darrié. | | Frère Janvier descendait la salade, Frère Janvier, des bons pères de Cimiez, Avec le panier sur la mule harnachée, Frère Janvier trotte derrière. |
2e couplet |
S’en calava vers la villa En passèn dòu viei camin Sensa si faire de bila E bèuguèn un còu de vin. Lou paisan dounava l’oli, Lou mounier un pòu de gran, Embé doui paraula droli Fahia rire maire-gran ! Fa qu’embé lou siéu mesclun N’en countentava cadun. | | Il descendait vers la ville En passant par le vieux chemin Sans se faire de souci Et buvant un coup de vin. Le paysan donnait l’huile, Le meunier un peu de blé, Avec deux paroles drôles Il faisait rire grand-mère ! [Cela] fait qu’avec son mesclun Il contentait chacun. |
3e couplet |
Un jou, lou nouostre bouon fraire, Su lou camin dòu retour, Rescountrèt doui calignaire Que si parlavon d’amour. Lou bousin de li baieta Lou faguèron revirà E, recounouissèn Liseta, La faguèt lèu maridà En li diguènt : « Lou mesclun Pòu faire mau à quauqun. » | | Un jour, notre bon frère, Sur le chemin du retour, Rencontra deux amoureux Qui se parlaient d’amour. Le bruit des baisers Le fit [se] retourner Et, reconnaissant Élise, La fit vite marier En lui disant : « Le “mesclun (2)” Peut faire mal à quelqu’un. » |
1. De mesclà, mélanger, mêler. La tradition rapporte que, au XIXe siècle, les franciscains du monastère de Cimiez étaient si pauvres qu’ils ne possédaient même pas de quoi semer une rangée complète de salade avec la même espèce de graines. Ils cueillaient quelques jeunes pousses de salade dans les jardins du monastère, auxquelles ils mélangeaient pissenlit, pourpier et roquette croissant sur le bord des allées, pour offrir aux Niçois qui leur faisaient l’aumône. Dans son Dictionnaire niçois-français, Georges Castellana précise : « Le mesclun des pères de Cimiez, de grande réputation, se composait de laitue fine que l’on tondait tous les quinze jours, de riquette, de cresson alénois et de cerfeuil. C’était un cadeau très apprécié que l’on offrait surtout aux bienfaiteurs. On l’apportait dans une espourtoula, sorte de panier à anse fait en rotin et ayant la forme d’un chapeau renversé. » Ce mélange est aujourd’hui normalisé, il doit comporter un minimum de sept variétés, parmi lesquelles : roquette et cerfeuil (obligatoires), et, selon la saison, laitue, feuille de chêne, scarole, romaine, frisée, batavia, pourpier, pousses d’épinard...
2. Larousse précise : « Mélange : réunion de choses ou d’êtres de nature différente. »
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