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Cansoun de la greva dai emplegat dai trambalan (Chanson de la grève des employés des tramways) Paroles niçoises François-Dominique Rondelly, dit Menica Rondelly. Traditionnel comté de Nice. Sur l’air Lou Roussignòu que vola.
Cette chanson a été dédiée au syndicat des rouges, en souvenir de la grève et des manisfestations du 18 au 23 juin 1904. Arrestation de manifestants, jugement devant le tribunal correctionnel, fusillade et blessés dans la foule, matériel dégradé et tramways renversés sur la chaussée... La chanson de Menica Rondelly fait allusion à ces événements violents, mais, surtout, rend hommage à l’honneur et à l’honnêteté des traminots niçois, face à la direction des TNL (1) accusée de malversations.
1er couplet |
Adiéu lu trambalan, Lou Limounié (2) che vola ! (bis) Soun toui laissat en plan, Lou Limounié che vola, vola, Soun toui laissat en plan, Dai condutour, dai vateman ! | | Adieu les tramways (1), Le Limonier (2) qui vole (3) ! (bis) Ils sont tous laissés en plan, Le Limonier qui vole, vole, Ils sont tous laissés en plan, Par les conducteurs, par les wattmans ! |
2e couplet |
Ma che revoulussioun, Lou Limounié che vola ! (bis) Sourdà d’achi, d’amoun, Lou Limounié che vola, vola, Sourdà d’achi, d’amoun, E la poulissa per cantoun ! | | Mais quelle révolution, Le Limonier qui vole ! (bis) [Des] soldats ici, en haut, Le Limonier qui vole, vole, [Des] soldats ici, en haut, Et la police à tous les coins de rue ! |
3e couplet |
Ma noun sien pas d’enfan, Lou Limounié che vola ! (bis) Lu vouastre trambalan, Lou Limounié che vola, vola, Lu vouastre trambalan, Soubre lu rai lu ciaviran ! | | Mais nous ne sommes pas des enfants, Le Limonier qui vole ! (bis) Vos tramways, Le Limonier qui vole, vole, Vos tramways, Sur les rails nous les chavirons ! |
4e couplet |
Voulen satisfassioun, Lou Limounié che vola ! (bis) Giustissia demandan, Lou Limounié che vola, vola, Giustissia demandan, Lu nouastre dreç reclaman ! | | Nous voulons satisfaction, Le Limonier qui vole ! (bis) Justice nous demandons, Le Limonier qui vole, vole, Justice nous demandons, Nos droits nous réclamons ! |
5e couplet |
Ce n’est pas la baguette (4), Bèu Limounié che vola ! (bis) Che n’en coumandera, Bèu Limounié che vola, vola, Che n’en coumandera, Ma tu, ben lèu, ti fen ficà. | | Ce n’est pas la baguette, Beau Limonier qui vole ! (bis) Qui nous commandera, Beau Limonier qui vole, vole, Qui nous commandera, Mais toi, bien vite, ils te font fourrer. |
6e couplet |
Aven toui de bouan sen, Bèu Limounié che vola ! (bis) Voulen ai travaïur, Bèu Limounié che vola, vola, Voulen ai travaïur Un lendeman tougiou segur ! | | Nous avons tous du bon sens, Beau Limonier qui vole ! (bis) Nous voulons pour les travailleurs, Beau Limonier qui vole, vole, Nous voulons pour les travailleurs Un lendemain toujours sûr ! |
O bouan moussu Loubet |
O bouan moussu Loubet (5), Paire de la clemenssa, (bis) Sauvas lu coumpagnoun, Faghes bouan ate d’indulgensa ; Sauvas lu coumpagnoun En li durben la gran’ presoun ! | | Ô bon monsieur Loubet, Père de la clémence, (bis) Sauvez les compagnons, Faites [un] bon acte d’indulgence ; Sauvez les compagnons En leur ouvrant la grande prison ! |
Envoi |
O tu, lou miéu païs, O Nissa ! Bella Nissa ! Ai umble travaïur Rende la tiéu giustissia ! Fouara toui lu tiran, Dòu tiéu bèu siel vola, vola, Fouara toui lu tiran, Proutegia toui lu tiéu enfan ! | | Ô toi, mon pays, Ô Nice ! Belle Nice ! Aux humbles travailleurs Rend ta justice ! Dehors tous les tyrans, De ton beau ciel, vole, vole, Dehors tous les tyrans, Protège tous tes enfants ! |
1. Société des Tramways de Nice et du littoral (TNL). Ce sigle TNL a longtemps été détourné par les Niçois en « Traverse Nice lentement » ! 2. Lou limounié, le limonier, désigne le « cheval placé [entre] les limons quand la charrette est attelée en flèche », Georges Castellana, Dictionnaire niçois-français. Ici, avec une majuscule, allusion au patronyme de M. Lemonnier, de la direction des TNL. 3. Il ne s’agit pas d’un cheval volant, parent éloigné de Pégase, mais de M. Lemonnier accusé de « s’en mettre plein les poches ». Dans une lettre ouverte parue dans La Ratapignata, Menica Rondelly écrit : « Couma, venès à Nissa vi rempli li pocia, respirà la nouastra aria pura, v’escauffà d’acheu bèu soulèu enviat dai autre pais e pi, n’ensultas ? » (Comment, vous venez à Nice pour vous remplir les poches, respirer notre air pur, vous réchauffer à ce beau soleil envié par les autres pays et de plus, vous nous insultez ?) 4. En français dans le texte nissart. Propos attribués à M. Lemonnier : « Avec une baguette de deux sous, je fais marcher tous les Niçois. » 5. Émile Loubet (1838 - 1929), président du Conseil (1892), du Sénat (1896 - 1899), président de la République (1899 - 1906).
Le dernier tramway a circulé à Nice le 10 janvier 1953, sur la ligne n° 7, entre le dépôt du boulevard Sainte-Agathe et le passage à niveau du boulevard Gambetta.
 Suppression de la dernière ligne de tramways. Illustration par Jan, parue dans la presse locale.
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