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Lou Cagancio (1) (Le Benjamin) (Le Dernier-Né) Paroles niçoises Jules Eynaudi, dit Juli Eynaudi, musique J. Autié. Traditionnel comté de Nice.
Musique de scène pour la pièce de théâtre éponyme de Juli Eynaudi. Duo amoureux entre Pin Squissa (2) et Clara de La Vergando.
Pin Squissa |
Per ben t’aïma, la miéu princessa, Couma d’espous s’en aneren Si faïre de belli caressa En la campagna... luen, ben luen ! Passeren de belli nuechada, Si leveren me lou soulèu, S’aïmeren, vé, ô adourada ! D’un amour dous couma de mèu. Ier, eravan dintre li pena ; Mancava lou plus bouon : l’argen ! Ancuei l’aven ; e, per estrena Si paguen un pàu d’agremen ! | | Pour bien t’aimer, ma princesse, Comme des époux nous nous en irons Se faire de belles caresses Dans la campagne... loin, bien loin ! Nous passerons de belles nuits, Nous nous lèverons avec le soleil, Nous nous aimerons, vois, ô adorée ! D’un amour doux comme du miel. Hier, nous étions dans les peines ; Il manquait le meilleur : l’argent ! Aujourd’hui nous l’avons ; et, pour étrenne Nous nous payons un peu d’agrément ! |
Clara de La Vergando |
Lou miéu amour es una flama Que tròu mi desseca lou couor. Seraï la tiéu dama, Car siès lou miéu soulet espoir. Quoura gagneras de mouneda, Ô lou miéu bel avoucaton, Pououteraï de ròuba de seda, De brillant e de rinfonfon, Lou ridicul e la voiletta E finda la face-de-main ; Non souorteraï qu’en voituretta ! Veiras couma marqueraï ben ! | | Mon amour est une flamme Qui trop me dessèche le cœur. Je serai ta dame, Car tu es mon seul espoir. Quand tu gagneras de la monnaie, Ô mon beau petit avocat, Je porterai des robes de soie, Des brillants (3) et des rinfonfon, Le « ridicule (4) » et la voilette Et aussi la « face-de-main (5) » ; Je ne sortirai qu’en voiturette ! Tu verras comme je marquerai bien (6) ! |
1. Cagancio ou cagànchou ou caganìnchou : de cagà, chier (vulgaire). Car le benjamin, le dernier-né est celui qui « fait » encore pour un certain temps dans ses couches. Et ce cagànchou, ce « ravisé », est souvent le préféré, car le dernier de la fratrie. 2. Pin : diminutif de Pepin, Joseph. Squissa ou esquissa : qui presse, qui écrase. 3. C’est-à-dire des diamants. 4. Vraisemblablement le « faux-cul », armature métallique ou coussin capitonné placé sous la jupe, au-dessus des fesses, encore en usage à la Belle Époque – date de composition du texte – mais qui commençait déjà à être jugé ridicule. 5. Face-de-main : ou plutôt le « face-à-main », ce lorgnon muni d’un manche pour le tenir à la main, que les femmes utilisaient par exemple dans leur loge, pour examiner le spectacle donné sur la scène du théâtre ou de l’opéra. 6. Marquer bien : avoir bon aspect ; faire bonne impression.
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