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Lou dangié d’amour (Le Danger d’amour) Paroles niçoises et musique Pierre Devoluy. Traditionnel comté de Nice.
Dans ce texte en gavot (c’est-à-dire en nissart du moyen et haut pays niçois), on notera les désinences en « o » – amigo, espado, Margarido, mountagno, etc. – qui sont ici la marque du féminin.
1er couplet |
Adaut, sus la mountagno, Ai entendu plourà. (bis) Aco’s la voues de moun amigo, M’en vau la counsoulà. | | Là-haut, sur la montagne, J’ai entendu pleurer. (bis) Cela, c’est la voix de mon amie, Je m’en vais la consoler. |
2e couplet |
— De, qu’avès, Margarido, Que vous fai tan plourà ? (bis) — Ai ! Se iéu plour’ ansin souleto, Es d’un qu’ai trop ama. | | — Dites, qu’avez-vous, Marguerite, Qui vous fait tant pleurer ? (bis) — Ah ! Si je pleure ainsi seule, C’est [à cause] d’un que j’ai trop aimé. |
3e couplet |
— Digas-me, Margarido, Quàu es qu’avès ama ? (bis) — Ah ! Lou noum de moun calignaire, Iéu vous lou dirai pas. | | — Dites-moi, Marguerite, Qui c’est que vous avez aimé ? (bis) — Ah ! Le nom de mon amoureux, Moi, je ne vous le dirai pas. |
4e couplet |
— Es que porto l’espado O lou bastoun ferra ? (bis) — Porto l’amour dins si parpello Quand vèn me vesità. | | — Est-ce qu’il porte l’épée Ou le bâton ferré (1) ? (bis) — Il porte l’amour dans ses paupières Quand il vient me visiter. |
5e couplet |
— Se voulès, Margarido, Vous l’anarai cercà. (bis) — Bèu pastrihoun, sus la marino Faudrié vous esmarà. | | — Si vous voulez, Marguerite, J’irai vous le chercher. (bis) — Beau petit pâtre, dans la marine Il faudrait vous engager (2). |
6e couplet |
— Per anà dins lis isclo, Armarai un batèu. (bis) Vous adurrai voste fringaire Tout uscla dòu soulèu. | | — Pour aller dans les îles, J’armerai un bateau. (bis) Je vous amènerai votre amoureux (3) Tout flambé par le soleil. |
7e couplet |
— Pas besoun d’un navire, Bèu pastre, anas-ié plan. (bis) Mai vous regarde e mai me sèmblo Qu’avès soun biais galant. | | — Pas besoin d’un navire, Beau pâtre, allez-y doucement. (bis) Plus je vous regarde et plus il me semble Que vous avez son biais (4) galant. |
8e couplet |
— Se n’es ansin, o bello, Secas vosti bèus iue. (bis) Regardas-me, que iéu vous ame, Lou jour coume la niue. | | — S’il en est ainsi, ô belle, Séchez vos beaux yeux. (bis) Regardez-moi, que je vous aime, Le jour comme la nuit. |
9e couplet |
— Jouvènt, li fedo chaumon, Devalas vitamen ; (bis) Dounas-vous siuen di loup raubaïre, Trèvon d’aquest moumen. | | — Jeune [homme], les brebis appellent, Dévalez vite ; (bis) Tenez-vous loin des loups voleurs, Ils frayent (5) en ce moment. |
10e couplet |
— Li moutoun dins la plano Soun au dangié dòu loup, (bis) Mai, vous e iéu, bello pastresso, Sian au dangié d’amour. | | — Les moutons dans la plaine Sont [exposés] au danger du loup, (bis) Mais, vous et moi, belle bergère, Nous sommes [exposés] au danger d’amour. |
1. C’est-à-dire « Est-il soldat ou berger ? » Ces deux figures sont très représentées dans les pastourelles. 2. Esmarà : littéralement, « em-marer », c’est-à-dire « se mettre en mer ». 3. Fringaire : danseur, amoureux, amant (du provençal fringà, sautiller, comme le fait un chien devant son maître. Peut-être à rapprocher du français « fringant » : dont le comportement est vif et pétulant ; élégant, de belle humeur). 4. Son profil, c’est-à-dire « vous lui ressemblez ». 5. Trevà : frayer, fréquenter, hanter, s’accointer.
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