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Mazurka souta l’oulivié (Mazurka sous l’olivier) Paroles niçoises et musique Georges Delrieu. Traditionnel comté de Nice.
« AU PRINTEMPS, dans une frêle odeur de luzerne nouvelle, l’orchestre campagnard juché sur des tréteaux lance la mazurka. Le soleil filtre à travers les arbres et avive les couleurs des robes rayées des Niçoises et les ceintures rouges sur pantalons blancs des hommes. Et l’on tournoie sur l’herbe verte, et l’on chante sous le ciel bleu. Les parents, assis aux pieds des troncs tourmentés des oliviers, dégustent le vin du cru mélangé à la limonade et croquent les échaudés à l’anis. Un couple, comme tant d’autres, parvient dans le tourbillon de la danse à échanger un baiser furtif et, en hâte, complote un rendez-vous sous le regard tranquille et confiant des parents. » | Georges Delrieu, Souta l’oulivié (« Sous l’olivier ») - I. | |

Aquarelle de Gustav Adolf Mossa parue dans Souta l’oulivié (« Sous l’olivier »), de Georges Delrieu et Henri Carol, éd. Delrieu frères, pour illustrer Mazurka souta l’oulivié. | | 1er couplet |
D’incant, au bal, ome, frema, jouve, fiha, Ballèn, cantèn ai floun-flouns dai musicant, E toui ensèn anèn virà dins la dansa. Cantèn, ballèn, a l’oumbra dai oulivié. | | De ravissement, au bal, hommes, femmes, jeunes, filles, Dansons, chantons, aux flons-flons des musiciens, Et tous ensemble allons tourner dans la danse. Chantons, dansons, à l’ombre des oliviers. |
Refrain |
Souta l’oulivié e l’auciprié Au bal boussounié, ballèn ! Virès, ballerina, soubre l’erba fina, Lou jour tout entié, ballèn ! À la souloumbrina pi en l’escurcina Souta l’oulivié, ballèn ! | | Sous l’olivier et le cyprès Au bal buissonier, dansons ! Tournez, ballerines, sur l’herbe fine, Le jour tout entier, dansons ! Dans la pénombre puis dans la nuit sombre Sous l’olivier, dansons ! |
2e couplet |
Un jouve : « Voulès ballà embé iéu, madoumaisella ? Voulès ballà ? Mi farès touplèn plasi. Una fiha : — Scusas, moussù, counouissi gaire ’sta dansa. E pi, bessai, mamà mi permette pas. | | Un jeune : « Voulez-vous danser avec moi, mademoiselle ? Voulez-vous danser ? Vous me fer[i]ez très plaisir. Une fille : — Excusez, monsieur, je ne connais guère cette danse. Et puis, peut-être, maman ne me permet pas. |
3e couplet |
Un jouve : — Tant ric tartan dèu curbi d’espala suèli ! Cairèu tant bèu dèu curbi de fin chivus ! Una fiha : — Voulès, moussù, voulès ben estaire chutou ! Siguès attènt, escoutas lu musicant. | | Un jeune : — [Un] si riche châle doit couvrir des épaules lisses ! [Un] fanchon si beau doit couvrir de fins cheveux ! Une fille : — Voulez-vous, monsieur, voulez-vous bien être silencieux ! Soyez attentif, écoutez les musiciens. |
4e couplet |
Un jouve : — Mi permettès en tant que sièn dins la dansa De vous baià ? Degun s’en aviserà. Una fiha : — Plan, plan, moussù ! Li a mamà que n’en regarja ! Tenè-vous bèn, sens’ aco noun revendrai. | | Un jeune : — Vous me permettez, pendant que nous sommes dans la danse, De vous embrasser ? Personne ne s’en apercevra. Une fille : — Doucement, monsieur ! Il y a maman qui nous regarde ! Tenez-vous bien, sans ça je ne reviendrai pas. |
5e couplet |
Un jouve : — Es gair’ aisat per aici de tout si dire. Deman, dilun, en Castèu lou vous dirai. Una fiha : — A noun, moussù, lou dilun couli bugada, Pi, en Castèu, noun li vau... que lou dimars ! » | | Un jeune : — Ce n’est guère aisé par ici de tout se dire. Demain, lundi, au château je vous le dirai. Une fille : — Ah non, monsieur, le lundi (1) je “coule la buée”, Et puis, au château, je n’y vais... que le mardi ! » |
1. Dans de nombreuses régions, le lundi est devenu le jour de la lessive vers le début du XXe siècle, avec l’arrivée de la lessiveuse et des cristaux de lessive remplaçant le cuvier et la cendre. L’introduction de cette nouvelle technologie a souvent coïncidé avec la modification du trousseau, le coton prenant la place du chanvre. (Cf. par exemple Yvonne Verdier, Façons de dire, façons de faire...)
Bibliographie | • | Delrieu (Georges), Anthologie de la chanson niçoise, Nice, éd. Delrieu et Cie, 1960, p. 160-161. | • | Tosan (Albert), Princivalle (Gaël) et d’Hulster (Frédéric), Anthologie de la chanson du comté de Nice, Nice, Serre éditeur, collection « Encyclopædia niciensis – Patrimoine régional », vol. III, 2001, p. 162-163. |
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