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Quand la miejo-nue sounavo (Quand minuit sonnait) Paroles et musique Nicolas Saboly, dit Micoulau Sabòli. Traditionnel Provence. Sur l’air Iéu n’aviéu uno chambriero.
Les 6e et 7e couplets de ce noël font allusion aux préparatifs de la campagne de 1672, qui aboutit à la conquête de la Hollande par Louis XIV. Pendant la négociation en 1659 du traité avec l’Espagne, l’envoyé hollandais à qui l’on demandait s’il se fiait à la parole du roi, avait répondu : « J’ignore ce que veut le roi ; je considère ce qu’il peut. » Cette réponse pleine de sens fut reçue comme insolente et déplut beaucoup à Louis XIV.
Nicolas Saboly a proposé deux versions de ce noël, dont la 1re est sur l’air Iéu n’aviéu uno chambriero (Moi j’avais une servante (1)).
Ce noël a été publié en 1672 dans le 6e cahier. Il figure sous le numéro 44 dans la réédition Fr. Seguin.
1er couplet |
Quand la mièjo-nue sounavo, Ai sauta dóu liech au sòu ; Ai vist un bèl ange que cantavo Milo fes pu dous qu’un roussignòu. | | Quand minuit sonnait, J’ai sauté du lit au sol ; J’ai vu un bel ange qui chantait Mille fois plus doux qu’un rossignol. |
2e couplet |
Pèr de saut e de cambado, N’ai fa mai que noun poudiéu, Lorsque m’a parla d’uno acouchado Qu’avié mes au jour lou Fiéu de Diéu. | | Avec des sauts et des enjambées, J’en ai fait plus que je ne pouvais, Lorsqu’il m’a parlé d’une accouchée Qui avait mis au jour le Fils de Dieu. |
3e couplet |
Lei mastin dóu vesinage Se soun toutes atroupa ; N’avien jamai vist aquéu visage, Se soun tout-d’un-cop mes à japa. | | Les lurons (2) du voisinage Se sont tous attroupés ; Ils n’avaient jamais vu ce visage, Ils se sont tout d’un coup mis à aboyer. |
4e couplet |
Lei móutoun, agnèu e fedo, Se soun tous mes à bela ; Se n’i’aguèsse gis agu de cledo, S’en sarien ana de çà, de là ! | | Les moutons, agneaux et brebis, Se sont tous mis à béler ; S’il n’y avait aucune eu de clôture, Ils s’en seraient allés de çà, de là ! |
5e couplet |
Lei pastre dessus la paio Dourmien coume de soucas ; Quand an ausi lou bru dei sounaio, An cresegu qu’èro lou souiras. | | Les pâtres sur la paille Dormaient comme des souches ; Quand ils ont entendu le bruit des sonnailles, Ils ont cru que c’était le loup (3). |
6e couplet |
Aquéu bèl ange anounçavo Proun de causos à la fes ; Mai aquelo pas que publicavo Dèu pas èstre pèr leis Olandés. | | Ce bel ange annonçait Beaucoup de choses à la fois ; Mais celle qu’il ne publia pas Il ne doit pas être pour les Hollandais. |
7e couplet |
Soun de gènt plen d’arrouganço, Que noun an ni fe ni lèi ; Diéu benisse leis armo de Franço ! Saran lèu sout lou poudé dóu Rèi. | | Ce sont des gens plein d’arrogance, Qui n’ont ni foi ni loi ; Dieu bénisse les armes de France ! Elles seront vite sous le pouvoir du roi. |
8e couplet |
S’èron de gènt resounable, Vendrien sèns èstre envita : Trouvarien dins un petit estable La lumiero emai la verita. | | S’ils étaient des gens raisonnables, Ils viendraient sans être invités : Ils trouveraient dans une petite étable La lumière avec la vérité. |
1. Chambriero : servante, domestique, femelle (aujourd’hui, ce mot est méprisant). Autres sens : – terme de charretier : épontille, support d’une charrette, pièce de bois placée entre les deux limons d’une charrette servant à la soutenir pendant que les chevaux sont dételés ; – terme de cuisine : instrument servant à décrocher une marmite suspendue à la crémaillère pour l’ôter du feu. Le provençal semble ne pas connaître le niçois estafiéu (de manege), la chambrière, long fouet pour faire travailler les chevaux dans les manèges.
2. Mastin ou matèin : luron, rusé, matois ; celui ou celle qui entend parfaitement ses intérêts et qui sait défendre sa cause sans le secours de personne.
3. Lou souiras : l’immonde (péjoratif de sus, porc). Terme injurieux, circonlocution par laquelle les bergers désignaient le loup.
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