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Sus la grava (Sur la grève) Paroles niçoises Charles Millo. Traditionnel comté de Nice. Sur l’air Dans la rue.
1er couplet |
Enfant de la natura, La miéu vida es lou repau. Noun ai cravata ni ceintura Mé doui boucl’ e quatorze trau. Sièu naissut ’m’ai doui bras ligat E lu nerf un pau tròu fatigat. | | Enfant de la nature, Ma vie est le repos. Je n’ai ni cravate ni ceinture Avec deux boucles et quatorze trous. Je suis né avec les deux bras liés Et les nerfs un peu trop fatigués. |
Refrain |
Per la miéu counstitucioun Ni secoussa ni emoucioun, Esfouors à febla poucioun, Lou travail à coundicioun, Sus la grava ! À l’oumbra d’un batèu Laissi despassà lu boutèu Per fin que pilhon lou soulèu Que noun m’escaufe lou cervèu, Sus la grava ! | | Pour ma constitution Ni secousse ni émotion, Des efforts à faible potion, Le travail à condition, Sur la grève (1) ! À l’ombre d’un bateau Je laisse dépasser les mollets Afin qu’ils prennent le soleil Que ne s’échauffe pas le cerveau, Sur la grève ! |
2e couplet |
Lou lun fau toujou festa E lou mars fau jamai ren. Lou mecre fau lou resta Ma lou jòu repau en plen. Lou vendre, jou maigre, fau pa’n pas E lou sata sièu toujou ’n pau tròu las. | | Le lundi je fais toujours fête Et le mardi je ne fais jamais rien. Le mercredi je fais le reste Mais le jeudi repos en plein. Le vendredi, jour maigre, je ne fais pas un pas Et le samedi je suis toujours un peu trop las. |
Refrain |
Lou dimench’au matin, La testa sus d’un gourbin, Mi repauvi dòu turbin E m’en fouti dòu vesin, Sus la grava ! Sensa fa de zounzoun, Per que mi fague bouon proun Lou toumati e lou pebroun, Fau un souan fin au canoun, Sus la grava ! | | Le dimanche matin, La tête sur une corbeille (2), Je me repose du turbin Et je m’en fous des voisins, Sur la grève ! Sans faire de bruit, Pour que me fasse un bon repas La tomate et le poivron, Je fais un somme jusqu’au canon, Sur la grève ! |
3e couplet |
Riba de mar es la miéu cambra, Lou miéu liech es un batèu. Lou soulèu la salamandra E li nebla lu ridèu. Sala de bagne doun souorte Palhoun, Luna, estela per lume de maioun. | | La rive de mer est ma chambre, Mon lit est un bateau. Le soleil [est] la Salamandre (3) Et les nuages les rideaux. La salle de bain [là] où sort (4) le Paillon, La lune, les étoiles pour lumière de maison. |
Refrain |
Iver couma estiéu, Frei o caut, ieu mi rièu. Toujou gai couma un pipiou Perque mi senti en lou miéu, Sus la grava ! Coura serai tròu vieil, Ben frustat fin au greil, M’endurmerai ensen m’ai pei, Bessai deman, bessai ancuei, Sus la grava ! | | Hiver comme été, Froid ou chaud, je me ris. Toujours gai comme un pinson Parce que je me sens chez moi, Sur la grève ! Quand je serai trop vieux, Bien usé jusqu’au cœur (5), Je m’endormirai ensemble avec les poissons, Peut-être demain, peut-être aujourd’hui, Sur la grève ! |
1. Grève : terrain plat et uni, couvert de gravier et de sable, le long de la mer ou d’un cours d’eau ; synonyme de plage. 2. Gourbin ou gourbeta : petite corbeille (de gouòrba, corbeille en osier, de forme tronconique). Ici, il s’agit vraisemblablement d’une corbeille que le narrateur a empruntée à un pêcheur se trouvant sur la plage des Ponchettes, toute proche de l’embouchure du Paillon où ce vagabond a élu domicile. 3. Salamandra : ici, il ne s’agit pas de l’amphibien urodèle à morphologie de lézard, mais de la Salamandre (nom commercial déposé, donc avec capitale initiale), poêle à combustion lente, qui tire son nom de la Salamandre, batracien mythique qui ne se consumait pas lorsqu’il était jeté dans le feu. 4. À l’époque de composition de ce texte (début du XXe siècle), le Paillon était déjà couvert sur la fin de son parcours, de l’ancien casino municipal (aujourd’hui les jardins Masséna) et la place Masséna jusqu’à son embouchure à la Méditerranée. Le verbe « sortir » est donc pertinent ici. 5. Greil : cœur, et aussi bourgeon, germe, pousse, rejeton, ainsi que tendron et pomme de salade. Il faut comprendre ici « usé jusqu’à l’os » (ou jusqu’à la moelle).
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