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Eh ! Bonjour, bergère ! Chanson traditionnelle de Villars-sur-Var, comté de Nice.
Chanson dialoguée entre un séducteur – que l’on qualifierait aujourd’hui de « dragueur » – et une jeune bergère, suffisament sûre d’elle-même pour le remettre à sa place ! Comme dans toute pastourelle (par exemple Bonjour Nanon ou La Pastressa et lou Granadié), c’est l’homme qui prends l’initiative de la conversation, en s’exprimant en français, pour montrer qu’il a de l’instruction, affirmer ainsi son élévation sociale et impressionner la jeune fille, alors que la bergère lui répond en nissart, langue vernaculaire symbolisant son appartenance au peuple.
1er couplet |
— Eh ! Bonjour, bergère ! — E ! Bouòn jou, moussù ! — Que fais-tu, bergère, Dans ce bois touffu ? — Planti lei favetta, Gardi mai moutoun, Per acò ièu fili Su lu vert gazoun. | | — Eh ! Bonjour, bergère ! — Eh ! Bonjour, monsieur ! — Que fais-tu, bergère, Dans ce bois touffu ? — Je plante les petites fèves, Je garde mes moutons, Pour cela je file (1) Sur le vert gazon. |
2e couplet |
— Dis-moi donc, bergère, Tes amusements. Tu es si jolie, N’as-tu point d’amant ? — Ah ! Moussù, pecaire ! Que mi diès aqui ? Aco la mièu maire Lou m’a jamai di. | | — Dis-moi donc, bergère, Tes amusements. Tu es si jolie, N’as-tu point d’amant ? — Ah ! Monsieur, pecaire ! Que me dites-vous ici ? Ceci, ma mère Ne me l’a jamais dit. |
3e couplet |
— Je sais bien, ta mère Ne t’en parle pas. Mais ton cœur, bergère, Te le dit tout bas. — Dins nouostre village, Moussù lou curà D’aquestou lengage Noun n’en toca pas. | | — Je sais bien, ta mère Ne t’en parle pas. Mais ton cœur, bergère, Te le dit tout bas. — Dans notre village, Monsieur le curé De ce langage Ne nous en touche pas. |
4e couplet |
— Mais ton chien, bergère, Plus aimable que toi Pour une caresse Reste auprès de moi. — Parqué dins la pocha N’avès de croustoun. Per acò ièu fili Su lou vert gazoun. | | — Mais ton chien, bergère, Plus aimable que toi Pour une caresse Reste auprès de moi. — Parce que dans la poche Vous avez des croûtons. Pour cela je file Sur le vert gazon.
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5e couplet |
— Ingrate et cruelle, Tu me fais souffrir, Sans aucune tendresse Pour me secourir. — Que voulès que fassi ? Ièu lou vous farai Meme dòu bouticari Ièu li anerai. | | — Ingrate et cruelle, Tu me fais souffrir, Sans aucune tendresse Pour me secourir. — Que voulez-vous que je fasse ? Moi je vous le ferai Même (chez le) pharmacien (2) Moi, j’irai. |
6e couplet |
— Pas de « boutiquère » Ni de médecin. C’est ton cœur, bergère, Qui peut guérir le mien. — Se ièu sièu ’n’ingrata, Vous siès un couquin ! Per acò vous tiri Per vouostre camin. | | — Pas de « boutiquère » Ni de médecin. C’est ton cœur, bergère, Qui peut guérir le mien. — Si moi je suis une ingrate, Vous, vous êtes un coquin ! Pour cela je vous tire (Sur) votre chemin. |
1. Sous-entendu : je file la quenouille. 2. Bouticari : apothicaire, pharmacien.
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