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La Pastressa et lou Granadié (La Bergère et le Grenadier) Chanson traditionnelle du val d’Entraunes, comté de Nice.
Chanson dialoguée entre le grenadier, jeune soldat qui revient au pays après avoir participé aux guerres en Europe, et Nathalie, la bergère, qui ne reconnaît pas immédiatement son galant après une longue absence de plusieurs années. Comme dans Bonjour Nanon ou Eh ! Bonjour, bergère !, c’est l’homme qui prends l’initiative de la conversation. Il s’exprime en français, pour montrer qu’il a reçu de l’instruction et affirmer ainsi son élévation sociale, alors que la bergère lui répond en nissart, langue vernaculaire symbolisant son appartenance au peuple. Les paroles du 5e couplet « J’ai fait la guerre en Italie, | En Allemagne, en Portugal », faisant référence aux guerres de la Révolution, ainsi que le thème chanté par le grenadier qui présente quelques réminiscences de La Marseillaise, permettent de dater la composition de La Pastressa et lou Granadié au XIXe siècle. Une pastourelle recueillie dans le val d’Entraunes par Gustave Adolphe Mossa.
1er couplet |
Lou granadié Bonjour, charmante bocagère, J’arrive ici dans ce beau jour Je viens te parler de la guerre, De l’amitié et de l’amour. Je viens pour essuyer tes larmes Et pour te dire en vive voix Que ton amant quitte les armes (bis) Pour revenir auprès de toi. (bis) | | Le grenadier Bonjour, charmante bocagère, J’arrive ici dans ce beau jour Je viens te parler de la guerre, De l’amitié et de l’amour. Je viens pour essuyer tes larmes Et pour te dire en vive voix Que ton amant quitte les armes (bis) Pour revenir auprès de toi. (bis) |
2e couplet |
La pastressa Mi dias que sias moun calignaire Ma ièu aco m’au cresi pas. Mi fés l’efet d’un gros charaire, Venés aici pèr m’enganar. N’aves un pòu tròu de babiha, Sias alumà coum’an gavèu. Vous noun sias qu’un troumpur de fiha, (bis) Poussa vou’n là e courrés léu ! (bis) | | La bergère Vous me dites que vous êtes mon galant Mais, moi, cela je n’y crois pas. Vous me faites l’effet d’un gros parleur, Vous venez ici pour m’abuser. Vous avez un peu trop de babil, Vous êtes allumé comme un sarment sec. Vous n’êtes qu’un trompeur de fille, (bis) Poussez-vous de là et courrez vite ! (bis) |
3e couplet |
Lou granadié Belle, ne sois pas si sévère, Écoute la voix d’un amant, D’un ami sûr et bien sincère Qui te donna ses sentiments. Te souviens-t-il pas, ma petite, À l’ombre de ces trois ormeaux Des serments échangés par suite (bis) En présence de nos troupeaux ? (bis) | | Le grenadier Belle, ne sois pas si sévère, Écoute la voix d’un amant, D’un ami sûr et bien sincère Qui te donna ses sentiments. Te souviens-t-il pas, ma petite, À l’ombre de ces trois ormeaux Des serments échangés par suite (bis) En présence de nos troupeaux ? (bis) |
4e couplet |
La pastressa A’ra coumenci à mi creire Car cenque dies es bèn verai. Sabi que venguerias mi veire Li a agut set ans, au mes de Mai, D’aqui parterias pèr l’armada, Mi laisserias un bèu presènt. A’ra siéu touta counsoulada, (bis) Esplica-vous e farès bén. (bis) | | La bergère Maintenant je commence à vous croire Car ce que vous dites est bien vrai. Je (savais) que vous viendriez me voir Il y a eu sept ans, au mois de mai, D’ici vous partiriez pour l’armée, Vous me laisseriez un beau présent. Maintenant je suis toute consolée, (bis) Expliquez-vous et faites bien. (bis) |
5e couplet |
Lou granadié Écoute, douce Nathalie, Je dirai tout d’un cœur loyal. J’ai fait la guerre en Italie, En Allemagne, en Portugal. Regarde, ma chère petite, Voici le prix de mon espoir, C’est avec la croix du mérite (bis) Que je reviens enfin te voir. (bis) | | Le grenadier Écoute, douce Nathalie, Je dirai tout d’un cœur loyal. J’ai fait la guerre en Italie, En Allemagne, en Portugal. Regarde, ma chère petite, Voici le prix de mon espoir, C’est avec la croix du mérite (bis) Que je reviens enfin te voir. (bis) |
6e couplet |
La pastressa Sabias qu’un pòu jugà dòu fifre Quant n’avés quità lou pahis. Ancuei mi parlas coum’un libre, Avés donc’après à liegi ? Siéu counténta, siéu soudisfacha, Moun téndre couor n’es encantà, N’ai plus pour de vouostra moustacha, (bis) Vous permeti de m’embrassà. (bis) | | La bergère Vous [ne] saviez qu’un peu jouer du fifre Quand vous avez quitté le pays. Aujourd’hui vous me parlez comme un livre, Vous avez donc appris à lire ? Je suis contente, je suis satisfaite, Mon tendre cœur en est enchanté, Je n’ai plus peur de votre moustache, (bis) Je vous permets de m’embrasser. (bis) |
7e couplet |
Ensen Allons partons, prenons la route, Nous irons voir tous nos parents. Ils seront bien surpris, sans doute, De nous voir ensemble à présent. Ils diront : « Tiens ! Voilà Thalie, Femme d’un vaillant guerrier. » Et nous serons, ô ma jolie, (bis) Tous deux à jamais réunis. (bis) | | Ensemble Allons partons, prenons la route, Nous irons voir tous nos parents. Ils seront bien surpris, sans doute, De nous voir ensemble à présent. Ils diront : « Tiens ! Voilà Thalie, Femme d’un vaillant guerrier. » Et nous serons, ô ma jolie, (bis) Tous deux à jamais réunis. (bis) |
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