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Bonjour Nanon (Bonjour Annette) Chanson traditionnelle de Guillaumes, comté de Nice.
Chanson dialoguée entre un jeune séducteur – aujourd’hui, on le qualifierait de « dragueur » – et Annette, une effrontée qui le remet à sa place ! Comme dans toute pastourelle (par exemple Eh ! Bonjour, bergère ! ou La Pastressa et lou Granadié), c’est l’homme qui prends l’initiative de la conversation. Il s’exprime en français, pour montrer qu’il a reçu de l’instruction et ainsi affirmer son élévation sociale, alors que la jeune fille lui répond en nissart, langue vernaculaire symbolisant son appartenance au peuple. 1er couplet |
« Bonjour, Nanon, mon aimable bergère. — Bouònjou, moussù, qu’ès aco que voulès ? (bis) | | « Bonjour, Annette, mon aimable bergère. — Bonjour, monsieur, qu’est-ce que vous voulez ? (bis) |
2e couplet |
— J’ voudrais avoir ton petit cœur en gage. — Nani, moussù, n’en espèrou un bergèu. (bis) | | — J’ voudrais avoir ton petit cœur en gage. — Nenni, monsieur, j’espère un berger. (bis) |
3e couplet |
— Est-il heureux, le berger qui t’adore ? — E ben, moussù, n’es pas tant malurous. (bis) | | — Est-il heureux, le berger qui t’adore ? — Et bien, monsieur, il n’est pas si malheureux. (bis) |
4e couplet |
— Nanon, viens à l’ombre, sous ce feuillage. — Nani, moussù, crègni pas lou soulèu. (bis) | | — Annette, viens à l’ombre, sous ce feuillage. — Nenni, monsieur, je [ne] crains pas le soleil. (bis) |
5e couplet |
— Oui, mais alors, tu peux craindre la lune ? — E ben, moussù, acheta-mi un capèu. (bis) | | — Oui, mais alors, tu peux craindre la lune ? — Et bien, monsieur, achetez-moi un chapeau. (bis) |
6e couplet |
— Dis-moi, Nanon, pourquoi cette arrogance ? — Et vous, moussù, perqué siès amourous ? (bis) | | — Dis-moi, Annette, pourquoi cette arrogance ? — Et vous, monsieur, pourquoi êtes-vous amoureux ? (bis) |
7e couplet |
— Suis amoureux pour que tu sois heureuse. — E iou, moussù, per mi fichà de vous. (bis) | | — [Je] suis amoureux pour que tu sois heureuse. — Et moi, monsieur, pour me ficher (1) de vous. (bis) |
8e couplet |
— Dis-moi, Nanon, qui t’a si mal apprise ? — E vous, moussù, ount avès estudià ? (bis) | | — Dis-moi, Annette, qui t’a si mal apprise ? — Et vous, monsieur, où avez-vous étudié ? (bis) |
9e couplet |
— J’ai étudié au château de mon père. — E iou soulet’ en gardant moun troupèu. (bis) | | — J’ai étudié au château de mon père. — Et moi [toute] seule, en gardant mon troupeau. (bis) |
10e couplet |
— Dis-moi, Nanon, le nom de ton village. — Apprenè-lou e après lou saurès. (bis) | | — Dis-moi, Annette, le nom de ton village. — Apprenez-le et après vous le saurez. (bis) |
11e couplet |
— Dis-moi, Nanon, qui il y a dans ton village. — Un ai de mai coura vous li serès ! » (bis) | | — Dis-moi, Annette, qui il y a dans ton village. — Un âne de plus lorsque vous y serez ! » (bis) |
1. Ou bien : me moquer.
Jean-Baptiste Toselli (cf. infra Bibliographie) a collecté la version suivante :
1er couplet |
« Adieu, Nanon, ma charmante bergère. — E ben, moussu, ch’ es che mi voulès ? | | « Adieu, Annette, ma charmante bergère. — Et bien, monsieur, qu’est-ce que vous me voulez ? |
2e couplet |
— Je te voudrais, Nanon, sur la fougère. — Anas, moussu, parlas coma sabès ! | | — Je te voudrais, Annette, sur la fougère. — Allez, monsieur, comme vous savez parler ! |
3e couplet |
— Je te voudrais à l’ombre d’un bocage. — Anas, moussu, craigni pas lou soulèu ! | | — Je te voudrais à l’ombre d’un bocage. — Allez, monsieur, je [ne] crains pas le soleil ! |
4e couplet |
— Dis-moi, Nanon, le nom de ton village. — Apprenelo, moussu, e pi lou saurès. | | — Dis-moi, Annette, le nom de ton village. — Apprenez-le, monsieur, et puis vous le saurez. |
5e couplet |
— Qu’il est heureux, le berger qui t’adore. — Avès pa tort, si cres pa malerous. | | — Qu’il est heureux, le berger qui t’adore. — Vous n’avez pas tort, il [ne] se croit pas malheureux. |
6e couplet |
— Dis-moi, Nanon, pourquoi tu es si rigoureuse. — E vous, moussu, perchè sies tant amourous. | | — Dis-moi, Annette, pourquoi tu es si rigoureuse. — Et vous, monsieur, pourquoi vous êtes tant amoureux. |
7e couplet |
— Si je le suis, c’est pour te rendre heureuse. — E jeu, moussu, per mi truffar de vous. » | | — Si je le suis, c’est pour te rendre heureuse. — Et moi, monsieur, pour me jouer de vous. » |
Bibliographie | • | Delrieu (Georges), Anthologie de la chanson niçoise, Nice, éd. Delrieu et Cie, 1960, p. 41. | • | Toselli Jean-Baptiste, Rapport d’une conversation sur le dialecte niçois, Nice, Ch. Cauvin, 1864, p. 110. | • | revue Nice historique, Nice, n° 2, 1954, p. 59. |
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