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La Catarineta (La Coccinelle) Paroles niçoises et musique Georges Delrieu. Traditionnel comté de Nice.
« LES LAVANDES mauves et bleutées attendent la cueillette. Une jeune paysanne en remplit son tablier noué autour de la taille. Un jeune homme s’est approché d’elle. Par une curieuse coïncidence le sujet de la conversation est tout trouvé : une coccinelle s’est posée sur le cou de la jeune fille. Agacée par le chatouillis de la bestiole, elle implore le secours du jeune homme qui s’empresse... de ne rien déranger. L’occasion est trop belle et que faire devant le velours d’une si jolie peau où glisse la coccinelle ? La chose la plus naturelle, la plus désirée et, sans doute, la plus attendue : y placer un baiser. Et comment expliquer tout cela ? Mais, voyons, la coccinelle n’est-elle pas la bête du bon Dieu... » | Georges Delrieu, Souta l’oulivié (« Sous l’olivier ») - XI. | |

Aquarelle de Gustav Adolf Mossa parue dans Souta l’oulivié (« Sous l’olivier »), de Georges Delrieu et Henri Carol, éd. Delrieu frères, pour illustrer La Catarineta. | | 1er couplet |
Eu Bouonjour, madoumaisèla, Qu’avès en lou faudiéu ? Ella Ligat me de farzèla, Sanjouan e roumaniéu. Eu Dapé de vous m’assèti, Se lou mi permettès. Ella Li a d’espaci à brèti, Doun vous plas vous mettès. | | Lui Bonjour, mademoiselle, Qu’avez-vous dans le tablier (1) ? Elle Liés avec des brindilles, [De la] lavande et [du] romarin. Lui Près de vous je m’assieds, Si vous me le permettez. Elle Il y a de l’espace en abondance, Où il vous plaît, vous vous mettez. |
Refrain, ensemble |
Catarineta, vola, vola, vola. Catarineta, vola, volerà. (bis) | | Coccinelle, vole, vole, vole. Coccinelle, vole, volera. (bis) |
2e couplet |
Eu Sus vouostra man tant fina Cen qu’ès aquéu babàu ? Ella Una bestia divina Que fà gaire de mau. Eu Sus d’una man tant neta, Bestia noun pou restà. Ella À la catarineta, Moussù, li cau cantar : | | Lui Sur votre main tant fine Qu’est cette tache (2) ? Elle Une bête divine Qui [ne] fait guère de mal. Lui Sur une main tant nette, [Cette] bête ne peut rester. Elle À la coccinelle, Monsieur, il lui faut chanter : |
3e couplet |
Ella Touplèn mi catigouola Caucarèn sus lou couol. Eu En l’esquina degouola, Segur, un babàu fouol, Una catarineta. Ah, noun, li toqui plus ! Ella Cantas la cansouneta E li boufas dessus. | | Elle Beaucoup me chatouille Quelque chose sur le cou. Lui Dans l’épaule dégringole, Sûr, un épouvantail (2) fou, Une coccinelle. Ah, non, je n’y touche plus ! Elle Chantez la chansonnette Et soufflez-lui dessus. |
4e couplet |
Ella Moussù, empedissè-la De s’en calà plus bas ! Eu Aici, madoumaisèla, Crèsi que li si plas. Ella Una catarineta, Siès lonc à l’agantà ! Eu Bessai qu’una baieta Vau miès que de cantà : | | Elle Monsieur, empêchez-la De descendre plus bas ! Lui Ici, mademoiselle, Je crois qu’elle s’y plaît. Elle Une coccinelle, Vous êtes long à l’attraper ! Lui Peut-être qu’un baiser Vaut mieux que de chanter : |
5e couplet |
Ella De m’aver adjudada, Bouon moussù, gramaci ! Eu Catarineta aimada, Retourne-t’en aici ! Ella Au ciel s’en ès anada, D’un vol allegr’e viéu. Es perqué l’an noumada La bestia dòu bouon Diéu ! | | Elle De m’avoir aidée, Bon monsieur, grand merci ! Lui Coccinelle aimée, Retourne-t’en ici ! Elle Au ciel elle s’en est allée, D’un vol allègre et vif. C’est pourquoi on l’a nommée La bête du bon Dieu ! |
1. Les deux coins inférieurs tenus en main et relevés, le tablier était un moyen de transport commode et toujours à portée de main, pour nos grands-mères qui ne disposaient pas de sacs plastique ! 2. Babàu, littéralement : croquemitaine, ogre, épouvantail. De bau, désignant ce qui fait peur, cf. la babarota.
Âgé de 52 ans, Victor Hugo (1802-1885) se souvient de sa propre adolescence. Il publie dans Les Contemplations (1re partie « Autrefois ») ce court poème antidaté de 1830, dont Georges Delrieu a vraisemblablement eu connaissance :
La coccinelle | Elle me dit : « Quelque chose Me tourmente. » Et j’aperçus Son cou de neige et, dessus, Un petit insecte rose. | J’aurais dû — mais, sage ou fou, À seize ans, on est farouche — Voir le baiser sur sa bouche Plus que l’insecte à son cou. | On eût dit un coquillage ; Dos rose et taché de noir. Les fauvettes pour nous voir Se penchaient dans le feuillage. | Sa bouche fraîche était là ; Je me courbai sur la belle, Et je pris la coccinelle ; Mais le baiser s’envola. | « Fils, apprends comme on me nomme », Dit l’insecte du ciel bleu, « Les bêtes sont au bon Dieu, Mais la bêtise est à l’homme. » |
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