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Diéu vous gard’, noste mèstre (Dieu vous garde, notre maître) Dialoguo dòu mèstre e dòu pastre (Dialogue entre le maître et le berger) Paroles Nicolas Saboly, dit Micoulau Sabòli. Traditionnel Provence. Sur l’air Ce n’est qu’un badinage.
Ce noël a été publié en 1669 dans le 2e cahier. Il figure sous le numéro 16 dans la réédition Fr. Seguin.
1er couplet |
Lou pastre Diéu vous gard’, noste mèstre, Cercas un autre bergié ; Iéu lou vole plus èstre, Vous demande moun counjiet. Lou mèstre Tu te sies bèn lèu gasta : La jouinesso Mau apresso Demando rèn que la liberta. | | Le berger Dieu vous garde, notre maître, Cherchez un autre berger ; Moi, je ne veux plus l’être, Je vous demande mon congé. Le maître Tu t’es bien vite gâté : La jeunesse Mal approchée Ne demande rien que la liberté. |
2e couplet |
Lou pastre Ves’ eici l’enventàri De tout ce qu’es au troupèu ; Se counten lou bestiàri, Mancara pas uno pèu. Lou mèstre Lou bonjour que m’as douna Taravello Ma cervello ; Digo-me dounc vounte vos ana. | | Le berger Voici l’inventaire De tout ce qui est au troupeau ; Si nous comptons les bestiaux, Il ne manquera pas une peau. Le maître Le bonjour que tu m’as donné Tourmente Ma cervelle ; Dis-moi donc où tu veux aller. |
3e couplet |
Lou pastre Iéu m’en vau faire un viage Au païs de Betelèn. Dounas-m’un pau mei gage, Ai besoun de moun argent. Lou mèstre Aqui passon quand s’envan ! D’ourdinàri Lou salàri Se pago pas qu’à la fin de l’an. | | Le berger Moi, je m’en vais faire un voyage Au pays de Bethléem. Donnez-moi un peu mes gages, J’ai besoin de mon argent. Le maître Ici ils passent quand ils s’en vont (1) ! D’ordinaire Le salaire Ne se paie qu’à la fin de l’an. |
4e couplet |
Lou pastre Mèstre, cresès un sage, Venès-vous-en emé iéu ; Vous aurés l’avantage D’adoura lou Fiéu de Diéu. Lou mèstre Me voudriés proun debita Quauco bourlo, Marrit chourlo ! N’es pas à iéu que n’en fau counta. | | Le berger Maître, croyez un sage, Venez-vous-en avec moi ; Vous aurez l’avantage D’adorer le Fils de Dieu. Le maître Tu voudrais bien me débiter Quelque bourde, Mauvais aide-valet (2) ! Ce n’est pas à moi qu’on peut en raconter. |
5e couplet |
Lou pastre Es fort bèn véritable Que lou pichot innoucènt Es na dins un estable Qu’es auprès de Betelèn. Lou mèstre Que lou Fiéu de Diéu sie na ? Pèr lou crèire, Lou fau vèire ; Iéu pode pas me l’imagina. | | Le berger Il est fort bien vrai Que le petit innocent Est né dans une étable Près de Bethléem. Le maître Que le Fils de Dieu soit né ? Pour le croire, Il faut le voir ; Moi, je ne peux pas l’imaginer. |
6e couplet |
Lou pastre Veici mei camarado Que me vènon averti Que la luno es levado, Que toutaro fau parti. Lou mèstre Anaren dounc tous ensèn : La coumpagno, En campagno, Vounte qu’anen fai toujour grand bèn. | | Le berger Voici mes camarades Qui viennent avertir Que la lune est levée, Que tout à l’heure il faut partir. Le maître Nous irons donc tous ensemble : La compagnie, En campagne, Où que nous allions fait toujours grand bien. |
1. C’est-à-dire les bergers viennent ici me voir avant de me quitter. 2. Chourlo, aide-valet ; jeune garçon qui lie les gerbes et qui verse à boire aux moissonneurs.
Bibliographie | • | Saboly (Nicolas), Lei noé de San Pierre (Les noëls de Saint-Pierre), Pierre Offray imprimeur, Avignon, 1669, p. 7-9. | • | Recueil des noëls composés en langue provençale, réédition Fr. Seguin, imprimeur-libraire, Avignon, 1856, p. 21. | • | 2e recueil de noëls provençaux par l’abbé P. C., édition M. Carbonel, Marseille, 1863, p. 30-31. |
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