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Helas ! qu noun aurié pieta (Hélas ! Qui n’aurait pas pitié) Paroles et musique Nicolas Saboly, dit Micoulau Sabòli. Traditionnel Provence. Noé sur un er nouveou (Noël sur un air nouveau).
Ce noël termine le 2e cahier contenant 6 noëls, publié en 1669 chez Pierre Offray, place Saint-Didier, Avignon. Il figure sous le numéro 18 dans la réédition Fr. Seguin.
1er couplet |
Helas ! qu noun aurié pieta Quand veirié la grand paureta Vount soun redu, pechaire ! Sant Jóusè, lou bon segne-grand, E soun tan bèu pichot enfant Emé sa pauro maire ? | | Hélas ! Qui n’aurait pas pitié Quand il verrait la grande pauvreté Où sont réduits, peuchère (1) ! Saint Joseph, le bon vieux grand-père (2), Et son si beau petit enfant Avec sa pauvre mère ? |
2e couplet |
Soun tous très pauramen loujas Dins un cantoun d’un marrit jas, Tout descubert, pechaire ! Noun li a ni fusto ni travet, Li a rèn que lei quatre paret, Emai noun valon gaire. | | Ils sont tous très pauvrement logés Dans le coin d’une mauvaise bergerie, Toute découverte, peuchère ! Il n’y a ni bois ni solive, Il n’y a rien que les quatre murs, Et encore, ils ne valent guère. |
3e couplet |
Lou pichot enfant mor de fre E Sant Jóusè s’endor tout dre Sus soun bastoun, pechaire ! Un paure ome qu’es tracassa, Iéu vous laisse un pau à pensa, Qu’es acò que pòu faire. | | Le petit enfant meurt de froid Et saint Joseph s’endort tout droit Sur son bâton, peuchère ! Un pauvre homme qui est tracassé, Je vous laisse un peu à penser, Qu’est-ce qu’il peut faire. |
4e couplet |
Quand vèi l’enfant dins un tau lio, E que n’a pas brigo de fio Pèr l’amaga, pechaire ! Li fai un brès de soun capèu, Un làni de soun gros mantèu, Pedas de soun moucaire. | | Quand je vis l’enfant dans un tel lieu, Et qui n’a pas un brin de feu Pour le réchauffer, peuchère ! Je lui fis un berceau de son chapeau, Une laine de son gros manteau, [Un] lange de son mouchoir. |
5e couplet |
Lou pichot fai rèn que ploura ; Sa maire fai que souspira E Sant Jóusè, pechaire ! Es talamen descounsoula Que qu lou voudri’ assoula, Aurié bèn proun à faire. | | Le petit ne fait rien que pleurer ; Sa mère ne fait que soupirer Et saint Joseph, peuchère ! Est tellement attristé Que celui qui voudrait le consoler Aurait bien assez à faire. |
6e couplet |
Un ange es descendu dòu cèu, Que vòulavo coume un aucèu, Pèr li dire : « Pechaire ! Devès pas tan vous atrista, Car acot es la voulounta Dòu Segnour Diéu lou Paire. » | | Un ange est descendu du ciel, Qui volait comme un oiseau, Pour lui dire : « Peuchère ! Vous ne devez pas tant vous attrister, Car ceci est la volonté Du Seigneur Dieu le Père. » |
7e couplet |
Tout ce que vesès endura A ’n aquéu pichot dèu dura Quauque pau mai, pechaire ! Car pèr lei pàurei pecadous Fau que more sus uno crous Au mitan de dous laire ! | | Tout ce que vous voyez endurer À ce petit doit durer Quelque peu plus, peuchère ! Car pour les pauvres pécheurs Il faut qu’il meure sur une croix Au milieu de deux larrons. |
1. Pechaire ou pecaïre, peuchère, pechère : interjection servant à exprimer l’attendrissement, la pitié, une commisération affectueuse, ou à renchérir sur ce qui vient d’être dit. 2. Lou bon segne-grand, le bon vieux grand-père. Segne, du latin senex, vieillard, titre de respect qui signifiait aussi seigneur, sire.
Bibliographie | • | Saboly (Nicolas), Lei noé de San Pierre (Les noëls de Saint-Pierre), Pierre Offray imprimeur, Avignon, 1669, p. 11-12. | • | Recueil des noëls composés en langue provençale, réédition Fr. Seguin, imprimeur-libraire, Avignon, 1856, p. 23. |
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