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L’Iver (L’Hiver) Paroles niçoises Eugène Emanuel. Traditionnel comté de Nice.
1er couplet |
Fa freï. L’iver destende su la plana Lo sièu mantèu tan blanc e tan pelat. E l’aquilon, furious, descadenat, Ven menaçà la mièu pàura cabana. Venès toui près dou fugaïron, Don la rama petilla E la flamma jà brilla, Bravà la nèu e l’aquilon. | | Il fait froid. L’hiver étend sur la plaine Son manteau si blanc et si pelé (1). Et l’aquilon (2), furieux, déchaîné, Vient menacer ma pauvre cabane. Venez tous près de l’âtre, Où la ramée pétille Et la flamme déjà brille, Braver la neige et l’aquilon. |
2e couplet |
Fa pena a véire en la nuostra campagna, Ren de verdura e ren per rallegrà ; Lu passeron non s’àudon plus cantà, Non li a plus ni bousquet ni baragna. Ah ! Venès près dou fugaïron, Don la rama petilla E la flamma jà brilla, Bravà la nèu e l’aquilon. | | Ça fait peine à voir dans notre campagne, Plus de verdure et rien pour [nous] réjouir ; Les passereaux ne s’entendent plus chanter, Il n’y a plus ni bosquet ni hallier. Ah ! Venez près de l’âtre, Où la ramée pétille Et la flamme déjà brille, Braver la neige et l’aquilon. |
3e couplet |
Oh ! Quanti fes, una banda joïoua Ven visità la chambra de Martin ; Rïen, cantan jusqu’àu nouvèu matin, Tout en vuan quàuca buona poussoua. E, groupat près dou fugaïron, Don la rama petilla E la flamma jà brilla, Bravan la nèu e l’aquilon. | | Oh ! Combien de fois, une bande joyeuse Vint visiter la chambre de Martin ; Riant, chantant jusqu’au nouveau matin, Tout en vidant quelques bonnes « potions (3) » Et, groupés près de l’âtre, Où la ramée pétille Et la flamme déjà brille, Bravons la neige et l’aquilon. |
4e couplet |
Nevava, un soir : la tourmenta era fuorta. Un voyajur venguèt a m’emplorà En mi dien : « Durbèmi, per pietà, Que vàu mouri de freï a vuostra puorta ! — Intras, li digueri, a maïon, Don la rama petilla E la flamma jà brilla, Partagen soupa e fugaïron ! » | | Il neigeait, un soir : la tourmente était forte. Un voyageur vint à m’implorer En me disant : « Ouvrez-moi, par pitié, Que je vais mourir de froid à votre porte ! — Entrez, je lui dis, dans la maison, Où la ramée pétille Et la flamme déjà brille, Partageons soupe et âtre ! » |
1. Pelat : pelé, chauve ; ici, dans le sens de « végétation rare ou desséchée ». 2. Aquiloun : aquilon (poétique), vent qui souffle du nord. 3. Poussoua : peut-être poucioun (potion), ou pousso (mamelle), c’est donc l’idée de « vider quelques bons godets ».
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