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La Paisana (La Paysanne) Chanson traditionnelle de la vallée de la Vésubie, comté de Nice.
D’après une pastourelle collectée par Damase Arbaud.
Dans le texte de cette chanson écrite en gavot (c’est-à-dire en nissart du moyen et haut pays niçois), on notera les désinences en « o » – una paisano, la lano, li ràubo – qui sont ici la marque du féminin, ainsi que la persistance du « r » final – sentir, trouvar – dans l’infinitif des verbes.
1er couplet |
La filha Se voulès sentir ’na cansoun, Se voulès la vous canterai. Es facho d’una paisano (bis) Que cada jou filo la lano. (bis) | | La fille Si vous voulez entendre une chanson, Si vous voulez je vous la chanterai. Elle est faite d’une paysanne (bis) Qui chaque jour file la laine. (bis) |
2e couplet |
Lou moussù Li a lou moussù de la Court Que la ven veire cada jou. Es un moussù que la ven veire, (bis) Vous autres, lou vous poudès creire. (bis) | | Le monsieur Il y a le monsieur de la Cour Qui vient la voir chaque jour. C’est un monsieur (1) qui vient la voir, (bis) Vous autres, vous pouvez vous le croire. (bis) |
3e couplet |
La filha O, moussù, se mi diès ensin, Faguès, faguès vouostre camin. Anas trouvar vouostre pariero, (bis) Li miéu ràubo son tròp grossiero. (bis) | | La fille Ô, monsieur, si vous me parlez ainsi, Faites, faites votre chemin. Allez trouver vos semblables, (bis) [Car] mes robes sont trop grossières. (bis) |
4e couplet |
Lou moussù Mio, avès bouòni façoun, Semblès la filho d’un baroun. Ren que tu m’au tiéu blanc visage (bis) Mi vàlon iéu e davantage. (bis) | | Le monsieur [Ma] mie, vous avez de bonnes façons, Vous semblez la fille d’un baron. Rien que toi avec ton blanc visage (2) (bis) Me valent moi et davantage. (bis) |
5e couplet |
La filha Iéu, l’aiga, noun la crègno pa, Lou soulèu, l’ai acoustumat. N’ai un capel de peiro-plumo (bis) E lou soulèu, l’ai per coustumo. (bis) | | La fille Moi, l’eau, je ne la crains pas, Le soleil, je m’y suis accoutumée. J’ai un chapeau de « pierre-plume » (bis) Et le soleil, je l’ai pour costume. (bis) |
6e couplet |
Lou moussù Bello, se pilhes tiéu parié, Ti farà far au siéu mestié. Ti farà trimar en campagno, (bis) Lou matin, pilharàs l’aigagno. (bis) | | Le monsieur Belle, si tu prends (3) ton pareil, Il te feras faire son métier. Il te feras trimer dans la campagne, (bis) Le matin, tu prendras la rosée. (bis) |
7e couplet |
La filha Moussù, se n’aviéu miéu parié, Quauqu’un dei gent dal miéu mestié, Beniriéu lou jou e lou sero (bis) Per n’en devenir la siéu fremo. (bis) | | La fille Monsieur, si j’avais mon semblable, Quelqu’un des gens de mon métier, Je bénirais le jour et le soir (bis) Pour en devenir (4) sa femme. (bis) |
1. Le monsieur – ici, le mot est emphatique – est donc un gentilhomme, qui vient d’une cour peut-être royale. 2. Mais le monsieur est un fieffé bonimenteur qui, par son discours flatteur, ne cherche qu’à séduire la jeune fille. En effet, en fait de « blanc visage », la paysanne affirme au couplet suivant qu’elle est hâlée par le soleil ! 3. Comprendre « si tu te maries avec... » 4. Comprendre « je bénirais le jour... où je deviendrai sa femme ».
Bibliographie | • | Arbaud (Damase), Chants populaires de la Provence, Aix, Makaire imprimeur-éditeur, collection « Bibliothèque provençale – Chants populaires et historiques de la Provence », tome II, 1864, p. 145-147. | • | Tosan (Albert), Princivalle (Gaël) et d’Hulster (Frédéric), Anthologie de la chanson du comté de Nice, Nice, Serre éditeur, collection « Encyclopædia niciensis – Patrimoine régional », vol. III, 2001, p. 202. |
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