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Lou Galant dins lou pous (Le Galant dans le puits) Chanson traditionnelle de Provence, recueillie par Damase Arbaud.
Cette chanson traditionnelle collectée par Damase Arbaud a été publiée en 1864 dans le 2e tome de chants traditionnels de Provence.
1er couplet |
Qu voou entendr’ uno cansoun De dous amics, dous camarados ? L’amitié que n’avien tous dous (bis) N’en semblavoun dous amourous. (bis) | | Qui veut entendre une chanson De deux amis, deux camarades ? [De] l’amitié qu’ils avaient tous deux (bis) Ils en semblaient deux amoureux. (bis) |
2e couplet |
— Camarad’, enanem se-n-en Fair’ un bouquet à ma mestresso, Anem culhir lou jaussemin (bis) Avant de sourtir doou jardin. (bis) | | — Camarade, allons-nous-en Faire un bouquet à ma maîtresse, Allons cueillir le jasmin (bis) Avant de sortir du jardin. (bis) |
3e couplet |
— Camarado, prend gard’ au pous L’y a ’no peiro desemparado. » N’en aguet pas culhit très brouts, (bis) Lou galant toumbet dins lou pous. (bis) | | — Camarade, prend garde au puits Il y a une pierre désemparée (1). » Il n’en eut pas cueilli trois brouts (2) (bis) [Que] le galant tomba dans le puits. (bis) |
4e couplet |
Quand dins lou pous eou n’es istat Crido : « Moun Diou ! Misericordi ! Misericordi, iou siou mouert (bis) Me sente d’aigo jusqu’au couel ! » (bis) | | Quand dans le puits il s’est trouvé Il cria : « Mon Dieu ! Miséricorde ! Miséricorde, je suis mort (bis) Je me sens de l’eau jusqu’au cou ! » (bis) |
5e couplet |
Soun camarad’ a courregut Coumo se fousso soun bouen fraire, L’y a trach lou bout de soun manteou : (bis) « Camarado, tiro-te leou. » (bis) | | Son camarade a couru Comme s’il fut son bon frère, Il lui a lancé le bout de son manteau : (bis) « Camarade, tire-toi vite [de là]. » (bis) |
6e couplet |
Fouero lou pous quand es istat N’avie un fred que tremouravo : « Camarad’, enanem se-n-en, (bis) Dissat’ au souar retournarem. » (bis) | | Hors du puits quand il a été Il avait [si] froid qu’il tremblait : « Camarade, allons-nous-en, (bis) Samedi soir nous reviendrons. » (bis) |
7e couplet |
Quand n’en ven lou dissat’ au souar, Que les bouquets se presentavoun : « Tenetz, mi’, un bouquet per vous, (bis) Per vous siou toumbat dins lou pous. (bis) | | Quand vint le samedi soir, Que les bouquets furent présentés (3) : « Tenez, mie, un bouquet pour vous, (bis) Pour vous je suis tombé dans le puits. (bis) |
8e couplet |
— Dins lou pous seriatz pas toumbat Se l’y anessiatz eme la luno, La lun’ aurie fach claritat, (bis) Dins lou pous seriatz pas toumbat. (bis) | | — Dans le puits vous ne seriez pas tombé Si vous y allâtes avec la lune, La lune aurait fait clarté (bis) Dans le puits vous ne seriez pas tombé. (bis) |
9e couplet |
— Douç’ amio, iou vese ben Que per iou d’amour n’avetz gaire, Diguetz-me votre surement (bis) Se vous avetz changeat d’amant. (bis) | | — Douce amie, je vois bien Que pour moi d’amour vous n’avez guère, Dites moi “votre sûrement” (bis) Si vous avez changé d’amant. (bis) |
10e couplet |
Se vous avetz changeat d’amant Iou pourrai changear de mestresso ; Adiou, mio, adiou... bouen souar. (bis) — Adiou, galant... jusqu’au revoir. » (bis) | | Si vous avez changé d’amant Je pourrais changer de maîtresse ; Adieu, mie, adieu... bon soir. (bis) — Adieu, galant... jusqu’au revoir. » (bis) |
1. Desemparado : désemparé(e), de l’ancien français emparer, fortifier. Ici, la pierre désemparée n’est plus fortifiée, c’est-à-dire qu’elle est descellée. 2. Brout : jeune pousse d’arbre ou d’arbuste (du germanique brust, bourgeon). Ici, trois brins (de jasmin). 3. Allusion à un usage commun, autrefois répandu dans toute la Provence. Le samedi soir, les jeunes gens offraient à leurs maîtresses un bouquet dont celles-ci ne manquaient pas de se parer le lendemain aux danses qui avaient lieu en plein air, à la sortie des offices de l’église.
Voir également Lou Pous.
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