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O, santa nuech (version 1) (version 2) (Ô, sainte nuit) Chant profane pour le réveillon de Noël, recueilli par Albert Blanchi. Traditionnel comté de Nice.
Alors que les couplets pourraient être ceux d’un chant de Noël invitant au recueillement et à la joie spirituelle, les paroles des refrains font référence à des plaisirs beaucoup plus terrestres ! En 1923, Jouan Nicola a réemployé ce texte dans sa pièce Petou lou raçiou.
La version 1 correspond à celle publiée dans Nice historique en 1923, la version 2 est celle plus récente donnée dans l’Anthologie de la chanson du comté de Nice (cf. infra Bibliographie).
1er couplet |
À Betelen anen toui vite Lou gran misteria countemplà. L’aria es seren, lou temp es mite, N’aiguen pas pau de s’enganà. | | À Bethléem allons tous vite Le grand mystère contempler. L’air est serein, le temps est [comme un] mythe, N’ayons pas peur de nous tromper. |
1er refrain |
Ciuto... l’aurilha subla... li a quaucaren aici, vesin ! Ciuto... sembla que senti li alegressa d’un festin ! Senti lu flagioulet de luen, lu tambourin e li museta. Lu pastre van à Betelen, laisson la cabana souleta ! O santa nuech ! Venes souven nous ralegrà ! Pouortas à toui la pas e la tranquilità.
Tu, Catarina, fai lou pan, Manda Lucrezia au safran, Despende leù lou lauvanié, Chapla de blea su lou taulié, Gratta de froumai, rompé d’où, Mette-li tout cenqué faù Que mangien toui en abondansa.
O santa nuech ! Venes souven nous ralegrà ! Pouortas à toui la pas e la tranquilità. En atendant, fen au bambin « à la santé » embé lou vin. Cadun n’en toca emb’au vesin, Fa faire au gotou tin, tin, tin, Per lou bambin emb’au vesin, Tin, tin, tin, tin, tin, tin, tin, tin, tin. | | Chut... l’oreille siffle... il y a quelque chose ici, voisin ! Chut... il semble que j’entends les allégresses d’un festin ! J’entends les flageolets de loin, les tambourins et les musettes. Les pâtres vont à Bethléem, laissons la cabane seule ! Ô sainte nuit ! Venez souvent nous réjouir ! Portez à tous la paix et la tranquillité.
Toi, Catherine, fais le pain, Envoie Lucrèce au safran, Décroche vite le rouleau, Hache de la blette sur la table, Râpe du fromage, casse des œufs, Mets-y tout ce qu’il faut [Pour] que nous mangions tous en abondance.
Ô sainte nuit ! Venez souvent nous réjouir ! Portez à tous la paix et la tranquillité. En attendant, faisons au bambin « à la santé » avec le vin. Chacun en touche avec le voisin, Fait faire au verre ding, ding, ding, Pour le bambin avec le voisin, Ding, ding, ding, ding, ding, ding, ding, ding, ding. |
2e couplet |
Vèu ja de luen brilà l’estela Que n’indica lou luec urous ! N’oubliden jamai qu’es aquela Que n’en dèu rendre premurous ! | | Je vois déjà de loin briller l’étoile Qui nous indique le lieu heureux ! N’oublions jamais que c’est celle-là Qui doit nous rendre (très) heureux ! |
2e refrain |
Ciuto... l’aurilha subla... li a quaucaren aici, vesin ! Ciuto... sembla que senti li alegressa d’un festin ! Senti lu flagioulet de luen, lu tambourin e li museta. Lu pastre van à Betelen, laisson la cabana souleta ! O santa nuech ! Venes souven nous ralegrà ! Pouortas à toui la pas e la tranquilità.
Senti de bruì au fugairoun, Vai vìtou veire lou pignatoun. Lou cat s’es mes à gnaugnà, Risca de s’estre tout pilhat ! Pauri raiola qu’aven fà, Qu’aven feni de mitounà, Lou cacha-fuèc (1) serà maigre !
O santa nuech ! Venes souven nous ralegrà ! Pouortas à toui la pas e la tranquilità. En atendant, fen au bambin « à la santé » embé lou vin. Cadun n’en toca emb’au vesin, Fa faire au gotou tin, tin, tin, Per lou bambin emb’au vesin, Tin, tin, tin, tin, tin, tin, tin, tin, tin. | | Chut... l’oreille siffle... il y a quelque chose ici, voisin ! Chut... il semble que j’entends les allégresses d’un festin ! J’entends les flageolets de loin, les tambourins et les musettes. Les pâtres vont à Bethléem, laissons la cabane seule ! Ô sainte nuit ! Venez souvent nous réjouir ! Portez à tous la paix et la tranquillité.
J’entends du bruit à l’âtre, Va vite voir le poêlon. Le chat s’est mis à miauler, Il risque de s’être tout pris ! Pauvres raviolis que nous avons faits, Que nous avons fini de mitonner, Le réveillon sera maigre !
Ô sainte nuit ! Venez souvent nous réjouir ! Portez à tous la paix et la tranquillité. En attendant, faisons au bambin « à la santé » avec le vin. Chacun en touche avec le voisin, Fait faire au verre ding, ding, ding, Pour le bambin avec le voisin, Ding, ding, ding, ding, ding, ding, ding, ding, ding. |
3e couplet |
S’un pòu de fen dintre un’ estable Veires plourà lou rei dei rei. Doui animau d’un mourre afable Cercoun à li parà lou frei ! | | Sur un peu de foin dans une étable Vous verrez pleurer le roi des rois. Deux animaux au museau affable Cherchent à lui (le) préserver le (du) froid ! |
3e refrain |
Ciuto... l’aurilha subla... li a quaucaren aici, vesin ! Ciuto... sembla que senti li alegressa d’un festin ! Senti lu flagioulet de luen, lu tambourin e li museta. Lu pastre van à Betelen, laisson la cabana souleta ! O santa nuech ! Venes souven nous ralegrà ! Pouortas à toui la pas e la tranquilità.
Siéu ben countent, ren s’es gastat ! Anen, que ai fam, anen mangià Tourta, raiola, stocafic, De poum, de nouave, d’asebic, Doui det de bouon vin muscàt Per trincà soubre l’amangià. O que pansagna s’anan faire !
O santa nuech ! Venes souven nous ralegrà ! Pouortas à toui la pas e la tranquilità. En atendant, fen au bambin « à la santé » embé lou vin. Cadun n’en toca emb’au vesin, Fa faire au gotou tin, tin, tin, Per lou bambin emb’au vesin, Tin, tin, tin, tin, tin, tin, tin, tin, tin. | | Chut... l’oreille siffle... il y a quelque chose ici, voisin ! Chut... il semble que j’entends les allégresses d’un festin ! J’entends les flageolets de loin, les tambourins et les musettes. Les pâtres vont à Bethléem, laissons la cabane seule ! Ô sainte nuit ! Venez souvent nous réjouir ! Portez à tous la paix et la tranquillité.
Je suis bien content, rien ne s’est gâté ! Allons, que j’ai faim, allons manger Tourte, raviolis, stockfish, Des pommes, des noix, des raisins secs, Deux doigts de bon vin muscat Pour trinquer sur le repas. Ô quelle ventrée nous allons nous faire !
Ô sainte nuit ! Venez souvent nous réjouir ! Portez à tous la paix et la tranquillité. En attendant, faisons au bambin « à la santé » avec le vin. Chacun en touche avec le voisin, Fait faire au verre ding, ding, ding, Pour le bambin avec le voisin, Ding, ding, ding, ding, ding, ding, ding, ding, ding. |
4e couplet |
Moumen urous plen d’alegria Vous fes sentì da toui lu couor. Lu ange cantoun lou Messia, Trembla l’infer, fuge la mouort ! | | Moment heureux plein d’allégresse Vous vous faites [res]sentir par tous les cœurs. Les anges chantent le Messie, Tremble l’enfer, fuit la mort ! |
4e refrain |
Ciuto... l’aurilha subla... li a quaucaren aici, vesin ! Ciuto... sembla que senti li alegressa d’un festin !
Ai ben mangiat, n’en pouodi plus, Bessai noun trouvi plus la lus ! Pilha-mi vìtou lou caban ; Avant de endurmì l’enfant, Courri vìtou. Pourta-vous ben. Estournici ! Diéu v’ajude e iéu tamben ! O ! qu’impaciença es mai la miéua !
O santa nuech ! Venes souven nous ralegrà ! Pouortas à toui la pas e la tranquilità. En atendant, fen au bambin « à la santé » embé lou vin. Cadun n’en toca emb’au vesin, Fa faire au gotou tin, tin, tin, Per lou bambin emb’au vesin, Tin, tin, tin, tin, tin, tin, tin, tin, tin. | | Chut... l’oreille siffle... il y a quelque chose ici, voisin ! Chut... il semble que j’entends les allégresses d’un festin !
J’ai bien mangé, je n’en peux plus, Peut-être je ne trouve plus la lumière ! Prends-moi vite la limousine ; Avant d’endormir l’enfant, Je cours vite. Portez-vous bien. J’éternue ! Dieu vous aide et moi aussi ! Ô ! Quelle impatience est encore la mienne !
Ô sainte nuit ! Venez souvent nous réjouir ! Portez à tous la paix et la tranquillité. En attendant, faisons au bambin « à la santé » avec le vin. Chacun en touche avec le voisin, Fait faire au verre ding, ding, ding, Pour le bambin avec le voisin, Ding, ding, ding, ding, ding, ding, ding, ding, ding. |
1. Le cacha-fuèc (en provençal cacho fiò ou cacho-fue ou cacha-fuòc selon les graphies, littéralement « cache feu ») désigne, en Provence, l’ancienne cérémonie qui se déroulait dans les maisons la veille de Noël, après la messe de minuit, avant de se mettre à table pour le « gros souper ». Le plus jeune et le plus vieux de la maisonnée portaient ensemble vers la cheminée une bûche d’un arbre fruitier (cerisier, olivier, poirier...) en faisant trois fois le tour de la table recouverte de ses trois nappes. Le plus jeune de l’assemblée aspergeait ensuite trois fois la bûche avec du vin cuit qui devait brûler pendant trois jours et trois nuits. D’abord liée au paganisme et au solstice d’hiver, cette coutume païenne a été christianisée en la reliant à la soirée de Noël. L’allumage rituel de la bûche de Noël (calendau en provençal) correspondait au rite du feu caché et présageait le retour du feu neuf, le feu du premier soleil de la nouvelle année. Le mot cacha-fuèc a ensuite désigné par métonymie le vin cuit avec lequel la bûche était arrosée, puis le vin chaud, et enfin le repas de réveillon.
Bibliographie | • | Tosan (Albert), Princivalle (Gaël) et d’Hulster (Frédéric), Anthologie de la chanson du comté de Nice, Nice, Serre éditeur, collection « Encyclopædia niciensis – Patrimoine régional », vol. III, 2001, p. 198-199. | • | revue Armanac niçart, Nice, 1912, p. 32. | • | revue Nice historique, Nice, n° 1, 1914, p. 62 ; n° 6, 1923, p. 191-194. |
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