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La Sirigauda (La Grelottante, danse d’hiver) Paroles niçoises et musique Georges Delrieu. Traditionnel comté de Nice.
« DEVANT l’église, sur la placette du village alpestre blanche de neige, les paysans se groupent au soleil. Des jeunes filles au rire sonore donnent le signal de la danse. Sur la neige durcie les sabots claquent et l’on saute de plus en plus fort, de plus en plus haut. Adieu le froid ! Les joues rougissent, la danse s’anime. Les paysans ne font pas de manières. Quelle bousculade ! On tombe, on se redresse et l’on danse encore. L’ivrogne lui-même n’a pu rester dans la buvette : bouteille en main il veut danser la sirigaude du mieux qu’il peut, et il ne peut pas beaucoup... Le garde champêtre, lui, la fera danser à sa manière aux chenapans du village qui ont ouvert les portes des étables et des écuries pour donner un peu d’ébattement aux bêtes. Enfin, monsieur le curé, transi jusqu’aux orteils, sort de l’église. Il ne peut résister à l’appel de la danse et le plus simplement du monde, avec ses ouailles, il danse la sirigaude qui lui fait retrouver chaleur et sourire. » | Georges Delrieu, Souta l’oulivié (« Sous l’olivier ») - XII. | |

Aquarelle de Gustav Adolf Mossa parue dans Souta l’oulivié (« Sous l’olivier »), de Georges Delrieu et Henri Carol, éd. Delrieu frères, pour illustrer La Sirigauda. | | 1er couplet |
À la Baissa, la nèu laissa Sus li faissa blanc mantèu. Es touta blanca la placeta Doun s’amoulounon lu paisan. Belli fiha me faudiha, Se s’esviha lou soulèu, Van caminant à la brasseta En pastrouiant e si riant. | | À la Baisse (1), la neige laisse Sur les terrasses blanc manteau. Elle est toute blanche, la placette Où s’amassent les paysans. [Les] belles filles en jupe, Si s’éveille le soleil, Vont cheminant bras dessus, bras dessous En bavardant et riant. |
Refrain |
La sirigauda, clac, la, la, clac, Rescauferà e lou couor e lu tòtou ! La sirigauda, clac, la, la, clac, Aluenterà lu chacrin e lou frei ! | | La grelottante, clac, la, la, clac, Réchauffera et le cœur et les os ! La grelottante, clac, la, la, clac, Éloignera les chagrins et le froid ! |
2e couplet |
L’embriagoun Cadun piha la boutiha, La pepiha passerà. Pourtas à bèure quauque gotou Per escaufà lu miéu budèu ! Ai la pansa que mi lansa ! Lou vin dansa, tra, la, la ! Noun li fà rèn, lu miéu vièi tòtou La pisteran la dura nèu. | | L’ivrogne Chacun prend la bouteille, La soif passera. Portez à boire quelques verres Pour chauffer mes boyaux ! J’ai la panse qui me lance ! Le vin danse, tra, la, la ! Ça ne fait rien, mes vieux os La piétineront, la dure neige. |
3e couplet |
Un ome Qu barsèla, qu frastèla, Qu rampèla, que li fà ? Sian rèn aqui per li manièra Ma per si rire e s’escaufà. À qu sauta sensa fauta Rougi gauta li vendrà. Retournerès à la fenièra Que per manjà e vous courcà. | | Un homme Qui frappe, qui frotte, Qui roule, qu’est-ce que ça fait ? Nous ne sommes rien (pas) ici pour les manières Mais pour rire et s’échauffer. À qui saute sans faute Les joues rouges lui viendront. Vous [ne] retournerez à la fenière Que pour manger et vous coucher. |
4e couplet |
Lou campié Mandianàia, rafatàia, Bastardàia dòu quartié, Mi fan venì la bila cauda : An desbrilat lu vouostre mùou ! Galeròtou, sus lu tòtou M’au barotou dòu campié, La ballerès, la sirigauda, Mé patassola sus lou cùou ! | | Le garde champêtre Mendiants, marmaille, Bâtards du quartier, Ils me font venir la colère chaude : Ils ont débridé vos mulets ! Galériens, sur les os Avec le bâton du garde champêtre, Vous la danserez, la grelottante, Avec fessée sur le cul ! |
5e couplet |
Lou curat De la glèia scura, vièia E proun frèia, fouora siéu. Veni de dire la miéu messa ; Mi siéu gelat lu doui artèu ! Aspersori, tabalori, Purgatori, ma que diéu ? Senti lou mènt que si devessa. Sirigaudèn toui au soulèu ! | | Le curé De l’église obscure, vieille Et assez froide, je suis sorti. Je viens de dire ma messe ; Je me suis gelé les deux orteils ! Aspersoir, nigaud, Purgatoire, mais quel dieu ? Je sens l’esprit qui se renverse. « Sirigaudons » tous au soleil ! |
1. Baissa : terme d’agriculture désignant des terres basses, une vallée, un lieu bas, un bas-fond, une région inférieure, un affaissement de terrain.
Bibliographie | • | Delrieu (Georges), Anthologie de la chanson niçoise, Nice, éd. Delrieu et Cie, 1960, p. 268-269. | • | Tosan (Albert), Princivalle (Gaël) et d’Hulster (Frédéric), Anthologie de la chanson du comté de Nice, Nice, Serre éditeur, collection « Encyclopædia niciensis – Patrimoine régional », vol. III, 2001, p. 248-249. |
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