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Touro-louro-louro ! Lou gau canto (Cocorico ! Le coq chante) Paroles Nicolas Saboly, dit Micoulau Sabòli. Traditionnel Provence. Sur l’air De Bourgogne.
Ce noël fait allusion à l’inondation de 1674. Le Rhône et la Durance provoquèrent à Avignon l’élévation du niveau des eaux à plus de 19 mètres au-dessus de celui de la mer, comparable à l’inondation de 1827. Voir également L’estrange deluge.
Ce noël a été publié en 1674 dans le 8e cahier. Il figure sous le numéro 56 dans la réédition Fr. Seguin.
1er couplet |
— Touro-louro-louro ! Lou gau canto E n’es pa incaro jour ; Iéu m’en vau en Terro Santo Pèr vèire Noste Segnour. Vos-tu veni ? — Nani, nani. — Vendras proun bèn ! — N’en farai rèn. — Guihaume ! Guihaume ! Au mens s’iéu noun torne plus, fai-me dire ùnei Sèt-Saume. Helas ! moun Diéu ! Que farai iéu ? Siéu pavourous coume un poulet, Quand siéu soulet. (bis) | | — Cocorico ! Le coq chante Et il n’est pas encore jour ; Je m’en vais en Terre sainte Pour voir Notre-Seigneur. Veux-tu venir ? — Nenni, nenni. — Tu viendras vite pourtant ! — Je n’en ferai rien. — Guillaume ! Guillaume ! Au moins si je ne reviens plus, fait-moi dire les sept psaumes (1). Hélas ! mon Dieu ! Que ferai-je ? Je me pavane comme un poulet, Quand je suis seul. (bis) |
2e couplet |
— Touro-louro-louro ! L’auro meno E me fai boufa lei det ; Certos iéu siéu bèn en peno, Ai pòu de mouri de fre ; Hòu de l’oustau ! — Qui pico avau ? — Voudriéu louja. — Sian tous couija ! — Granjiero ! granjiero ! Durbès-me, siéu tout jala ; boutas-me dins la feniero ! Helas ! moun Diéu ! Que farai iéu ? Lou paure ! vounte tirarai ? Belèu mourrai. (bis) | | — Cocorico ! Le vent souffle (2) Et me fait souffler [sur] les doigts (3) ; Certes je suis bien en peine, J’ai peur de mourir de froid ; Holà la maisonnée ! — Qui toque en bas ? — Je voudrais loger. — Nous sommes tous couchés ! — Métayer (4) ! métayer ! Ouvre-moi, je suis tout gelé ; met-moi dans le fenil (5) ! Hélas ! mon Dieu ! Que ferai-je ? Le pauvre ! où j’irai ? Bien vite je mourrai. (bis) |
3e couplet |
— Touro-louro-louro ! Lei ribiero An deja tout inounda ; Vese plus rèn lei broutiero, Belèu me faudra neda. Quauque barquet ?... — N’i’a pas dequé ! — Vount passarai ? — Certo, noun sai ! — Sauvaire ! Sauvaire ! Tu n’as gis de carita, n’es pas ansin que fau faire. Helas ! moun Diéu ! Que farai iéu ? Lou paure ! vounte passarai ? Me negarai ! (bis) | | — Cocorico ! Les rivières Ont déjà tout inondé ; Je ne vois plus rien des oseraies, Bien vite il me faudra nager. Quelque barque ?... — Il n’y a pas de quoi ! — Où passerai-je ? — Certes, je ne sais pas ! — Sauveur ! Sauveur ! Tu n’as guère de charité, ce n’est pas ainsi qu’il faut faire. Hélas ! mon Dieu ! Que ferai-je ? Le pauvre ! où je passerai ? Je me noierai ! (bis) |
4e couplet |
— Touro-louro-louro ! Pèr fourtuno Siéu sourti d’un michant pas ; La pode coumta pèr uno ! Enfin ai trouba lou jas. — Bonjour à tous ! — Amai à vous. — E que fasès ? — Vous lou vesès. — Marìo ! Marìo ! Vous estrugue d’un bèu fiéu, lou veritable Messìo. Bon Sant Jóusè, Se me cresè, Me farés vèire aquel enfant Qu’iéu ame tan. (bis) | | — Cocorico ! Par chance Je suis sorti d’un méchant pas ; Je peux la compter pour une ! Enfin j’ai trouvé la bergerie. — Bonjour à tous ! — Aussi à vous. — Et que faites-vous ? — Vous le voyez. — Marie ! Marie ! Je vous félicite d’un bel enfant, le véritable Messie. Bon saint Joseph, Si vous me croyez, Faites-moi voir cet enfant Que j’aime tant. (bis) |
1. Sèt-Saume : les sept psaumes de la pénitence. Le jour des Morts (2 novembre), il était d’usage de faire réciter ces sept psaumes de la pénitence par des enfants, moyennant une petite gratification. 2. Mena : mener, conduire. Ici, le vent « conduit », donc il souffle. 3. Boufa : souffler. Ici, le narrateur souffle sur ses doigts pour les réchauffer. 4. Granjiero ou grangièro : métayer, valet ou habitant d’une grange. 5. Fenièro : fenil, lieu où l’on serre le foin, c’est-à-dire grenier à foin.
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