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Ça ! menen rejouïssènço , (bis) (Çà ! Menons réjouissance) Paroles et musique Nicolas Saboly, dit Micoulau Sabòli. Traditionnel Provence. Sur l’air Quand vous serez, etc.
Nicolas Saboly a proposé deux versions de ce noël, dont la 1re est sur l’air Quand vous serez, etc. Dans son 2e couplet, ce noël fait allusion aux séditions et aux luttes sanglantes se succédant à Avignon – de 1652 à 1665 avec quelques intervalles de tranquillité – et qui venaient de se terminer par des exécutions et des proscriptions déplorables. Elles sont connues dans l’histoire sous le nom de « Fronde avignonaise » ou luttes des Pevoulins et des Pessugaux. Voir également Viven urous e countènt.
Ce noël a été publié en 1668 dans le 1er cahier. Il figure sous le numéro 7 dans la réédition Fr. Seguin.
1er couplet |
Ça ! menen rejouïssènço, Fasen fèsto dòu bonur Que nous porto la neissènço De Jèsu noste Sauvur E perden la souvenènço De nòstei darnié malur. (bis) | | Çà ! Menons réjouissance, Faisons fête au bonheur Que nous apporte la naissance De Jésus, notre Sauveur, Et perdons le souvenir De nos derniers malheurs. (bis) |
2e couplet |
Erian dins un grand desordre E lou voulian bèn ansin ; Sounjavian rèn qu’à nous mordre L’un l’autre coume de chin. Sènso Diéu que li a mes ordre, N’en vesian jamai la fin. (bis) | | Nous étions dans un grand désordre Et nous le voulions bien ainsi ; Nous ne songions qu’à nous mordre L’un l’autre comme des chiens. Sans Dieu qui y a mis de l’ordre, Nous n’en aurions jamais vu la fin. (bis) |
3e couplet |
Se sian foro la misèro, Grand Diéu ! lou devèn qu’à vous. Avès fa noste Sant Pèro Sage, bon, clemènt e dous, Que n’a ni fèu ni coulèro E que n’es pas rigourous. (bis) | | Si nous sommes sortis de la misère, Grand Dieu, nous ne le devons qu’à vous. Vous avez fait notre Saint père (1) Sage, bon, clément et doux, Qui n’a ni feu ni colère Et qui n’est pas rigoureux (2). (bis) |
4e couplet |
Avèn tan de temouniage De sa bono voulounta Que lei vilos e vilage Que soun dedins lou coumtat Auran segur l’avantage De se vèire bèn trata. (bis) | | Nous avons tant de témoignages De sa bonne volonté Que les villes et villages Qui sont dans le comté (3) Auront, c’est sûr, l’avantage De se voir bien traités. (bis) |
5e couplet |
Preguen dounc l’Agnèu qu’esfaço Toutei nòstei mancamen. Que counserve dins sa graço Noste bon papo Clement E que li garde sa plaço Au dessus dòu fiermamen. (bis) | | Prions donc l’Agneau qui efface Tous nos manquements. Qu’il conserve dans sa grâce Notre bon pape Clément (4) Ei qu’il lui garde sa place Au-dessus du firmament. (bis) |
1. Le pape récemment élu. 2. Rigourous, inclément, rigide, rigoureux. 3. Le comté d’Avignon (capitale Avignon), différent du Comtat Venaissin (capitale Carpentras), qui appartinrent tous deux aux papes de 1274 à 1791. 4. L’élection le 20 juin 1667 de Jules de Rospigliosi à la papauté, sous le nom de Clément IX, donna aux Avignonais l’espoir d’une amnistie pour les personnes impliquées dans la « Fronde avignonaise ». Le 6 septembre 1667, on célébra à Avignon l’exaltation du pape par des fêtes et un feu d’artifice dont les clartés illuminèrent un temple allégorique de la Clémence. La ville fit imprimer chez Michel Chastel la description de ce feu d’artifice, ornée de la gravure du temple de la Clémence. On lit à la 5e page de ce compte rendu (ce qui ne laisse aucun doute sur le but de l’allusion par Nicolas Saboly, dit Micoulau Sabòli) : « Sa volonté [du pape] changera sans doute nos peines en grâces, le triste exil de nos concitoyens en un agréable retour, leur condamnation en d’heureux suffrages, et rendra ses fidèles sujets à leurs biens, à leurs enfants et à leur chère patrie. »
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