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Hòu ! de l’oustau ! (Holà ! de la maison !) Paroles et musique Nicolas Saboly, dit Micoulau Sabòli. Traditionnel Provence. Dialogo de sant Jòusè e l’Oste (dialogue entre saint Joseph et l’hôte).
Ce noël a été publié en 1670 dans le 4e cahier. Il figure sous le numéro 26 dans la réédition Fr. Seguin. Il fait partie du cycle intitulé Histori de la naissenso dou Fis de Diou (Histoire de la naissance du Fils de Dieu) comprenant sept noëls, du n° 25 jusqu’au n° 31. Il s’agit en quelque sorte d’un poème lyrique dont chaque noël est l’un des chants ; poème plein de foi naïve et d’un sentiment qui charme et qui émeut. Nulle part Nicolas Saboly n’a montré mieux que dans ce cycle les ravissantes qualités de son esprit et de son cœur. Il semble que, dans la pensée de Nicolas Saboly, ces sept noëls doivent être chantés sans interruption ni dialogue, de manière à former comme une espèce de mystère ou de petit oratorio.
1er couplet |
Sant Jòusè Hòu ! de l’oustau ! Mèstre, mestresso, Varlet, chambriero, ci li a res ? Ai deja pica proun de fes E res noun vèn ! Quinto rudesso ! L’Oste Me siéu deja leva tres cop ; S’eiçò duro, dourmirai gaire. Qu pico a bas ? Qu’es tout acò ? Quau sias ? Que voulès ? Que fau faire ? | | Saint Joseph Holà ! de la maison ! Maître, maîtresse, Valet, chambrière, n’y a-t-il personne ici ? J’ai déjà frappé [à la porte] plusieurs fois Et rien ne vient ! Quelle rudesse ! L’hôte Je me suis déjà levé trois fois ; Si cela dure, je ne dormirai guère. Qui frappe en bas ? Qu’est tout cela ? Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? Que faut-il faire ? |
2e couplet |
Sant Jòusè Moun bon ami, prenès la peno De descèndre un pau eiçavau. Voudrias louja dins voste oustau, Iéu soulamen emé ma femo. L’Oste Vautre sias de troublo-repau ; Sias d’aquéstei batur-d’estrado Que sounjas rèn qu’à faire mau. Adioussias, ma porto es sarrado. | | Saint Joseph Mon bon ami, prenez la peine De descendre un peu ici-bas. Je voudrais loger dans votre maison, Moi seulement avec ma femme. L’hôte Vous autre, vous êtes un trouble-repos ; Vous êtes de ces vagabonds (1) Qui ne songent qu’à faire mal. Adieu (2), ma porte est fermée. |
3e couplet |
Sant Jòusè Nazarèt es nostro patrìo. Iéu siéu pas tau que me cresè : Siéu fustié, m’apelle Jòusè, Ma femo s’apello Marìo. L’Oste Ci li a proun de gènt, vole plus res ; Diéu vous done meiour fourtuno ! Si me cresès, demandarés Vount es lou lougis de la Luno. | | Saint Joseph Nazareth est notre patrie. Je ne suis pas tel que vous me croyez : Je suis charpentier, je m’appelle Joseph, Ma femme s’appelle Marie. L’hôte Ici, il y a assez de monde, je ne veux plus rien ; [Que] Dieu vous donne meilleure fortune ! Si vous m’en croyez, vous demanderez Où est le logis de la Lune. |
4e couplet |
Sant Jòusè Retiras-nous, que que nous coste ! Loujas-nous dins lou galatas ; Vous pagaren noste repas Coume s’erian à taulo d’oste. L’Oste Voste soupa sara mau cue ; Crese que farés pauro chiero ; Car, pèr segur, aquesto nue Vous loujarés à la carriero. | | Saint Joseph Hébergez-nous, quoi qu’il nous en coûte ! Logez-nous dans le galetas (3) ; Nous vous paierons notre repas Comme si nous étions à la table d’hôte. L’hôte Votre soupe sera mal cuite ; Je crois que vous ferez pauvre chère ; Car, pour sûr, cette nuit Vous logerez à la rue. |
5e couplet |
Sant Jòusè Nous tratés pas d’aquelo sorto. Helas ! Vesès lou tèms que fai ! Durbès-nous ! S’istas gaire mai, Nous troubarés mort à la porto ! L’Oste Vosto moulié me fai pieta E me rènd un pau plus afable : Vous loujarai pèr carita Dins un pichot marrit estable. | | Saint Joseph Ne nous traitez pas de cette sorte. Hélas ! Voyez le temps qu’il fait ! Ouvrez-nous ! Si vous restez (4) un peu plus, Vous nous trouverez morts à la porte ! L’hôte Votre épouse me fait pitié Et me rend un peu plus affable : Je vous logerai par charité Dans une petite mauvaise étable. |
1. Estrado : chemin ; batur d’estrado : batteur de chemins, batteur de pavé, coureur, vagabond. 2. Adicias ou adioucias (adioussias) : littéralement « À Dieu soyez vous » ; terme familier de salutation, équivalent à « Adieu ! », « Salut ! » 3. Galatas : galetas ; pièce la plus élevée d’une maison, qui sert de débarras pour les meubles hors d’usage. Réduit misérable, souvent dans les combles d’un immeuble. 4. Ista : résider, demeurer, habiter, rester... Ici, comprendre « si vous restez sur votre précédente parole... », c’est-à-dire si vous continuez à nous refuser votre porte.
Bibliographie | • | Saboly (Nicolas), Histori de la naissenso dou Fis de Diou composado en noé (Histoire de la naissance du Fils de Dieu composée en noëls), Pierre Offray imprimeur, Avignon, 1670, p. 4-6. | • | Recueil des noëls composés en langue provençale, réédition Fr. Seguin, imprimeur-libraire, Avignon, 1856, p. 30. |
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