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Micoulau noste pastre , (bis) , (ter) (Nicolas, notre berger) Paroles et musique Nicolas Saboly, dit Micoulau Sabòli. Traditionnel Provence. Sur l’air Nicolas va voir Jeanne.
Nicolas Saboly a proposé trois versions musicales de ce noël, dont la 1re est sur l’air Nicolas va voir Jeanne. Les paroles du 8e couplet font allusion aux agitations de l’époque (1). Il donne aux gens du peuple le conseil fort sage de ne pas y prendre part ; car de quelque manière que tournent les affaires, leurs charges ne seront pas amoindries. Il faut louer Nicolas Saboly de borner là sa moralité. Jean de La Fontaine est allé plus loin, en écrivant ce dangereux aphorisme : « Notre ennemi, c’est notre maître. » L’édition de 1699, et toutes celles qui ont suivi, porte en note : « Cet endroit regardait quelque affaire particulière arrivée dans ce temps-là. »
Ce noël a été publié en 1668 dans le 1er cahier. Il figure sous le numéro 3 dans la réédition Fr. Seguin.
1er couplet |
Micoulau noste pastre, Aquéu gros palot, Vai countempla leis astre Coume fan leis astrolò. Tu parles bèn rau, Micoulau ! Lou seren t’aura fa mau. | | Nicolas, notre berger, Ce gros pâlot, Va contempler les astres Comme font les astrologues. Tu parles bien rauque, Nicolas ! Le soir t’aura fait du mal. |
2e couplet |
Vese uno troupo d’ange Que sèmblon d’aucèu, Que canton lei louange D’un pichot enfant tan bèu ! Rèn noun te fai gau, Micoulau, Fau bèn que siegues malaut. | | Il voit une troupe d’anges Qui semblent des oiseaux, Qui chantent les louanges D’un petit enfant tant beau ! Rien ne te donne la joie, Nicolas, Il faut bien que tu sois malade. |
3e couplet |
Dison que Nostre-Segne Nous mando soun Fiéu ; Devèn pas plus rèn cregne : Sian lei bèn-ama de Diéu. Eiçò vai pas mau, Micoulau. Lèvo-te, sies plus malaut. | | Ils disent que Notre-Seigneur Nous envoie son Fils ; Nous ne devons plus rien craindre : Nous sommes les bien-aimés de Dieu. Cela ne va pas mal, Nicolas, Lève-toi, tu n’es plus malade. |
4e couplet |
Pastre, se vous sias sage, Doublarés lou pas Pèr ana rendre òumage Au pichot qu’es dins lou jas. Laisso lou bestiau, Micoulau, E davalo dòu coutau. | | Bergers, si vous êtes avisés, Vous doublerez le pas Pour aller rendre hommage Au petiot qui est dans l’étable. Laisse les bestiaux, Nicolas Et dévale du coteau. |
5e couplet |
Aquesto nuech es bruno, Lou tèms es bèn sour ; Veirés pas rèn la luno Que noun siegue quasi jour : Porto lou fanau, Micoulau, Que degun noun prengue mau. | | Cette nuit est brune, Le temps est bien couvert ; Tu ne verras pas la lune [Avant] qu’il ne soit quasi-jour : Porte le fanal, Nicolas, [Afin] que personne ne se fasse mal. |
6e couplet |
Pourtas vòstei flassado E vòstei caban, Car fai uno jalado Que fara boufa lei man. Pren toun gros jargau, Micoulau, Fai mai de fre que de caud. | | Portez votre couverture de laine Et votre manteau (2), Car il fait une gelée Qui fera gonfler les mains. Prends ton gros habit (3), Nicolas, Il fait plus de froid que de chaud. |
7e couplet |
Quau pren soin de sa vido, Perd jamai soun tèm ; La biasso bèn garnido Fai ana l’ome countènt : Porto toun barrau, Micoulau, Emé toun gros calendau. | | Il faut prendre soin de sa vie, Ne jamais perdre son temps ; La musette bien garnie Fait aller l’homme content : Porte ton tonneau (4), Nicolas, Avec ton gros pain (5). |
8e couplet |
Aquéstei bònei fèsto, Counfessas-vous bèn, Sèns vous metre à la tèsto Leis afaire d’aquest tèm : Vague bèn o mau, Micoulau, Tòuto pagara la sau ! | | À cette bonne fête, Confessez-vous bien, Sans vous mettre en tête Les affaires du moment : Que ça aille bien ou mal, Nicolas, L’impôt sera payé par le sel (6). |
1. La « Fronde avignonaise », connue sous le nom de luttes des Pevoulins et des Pessugaux. Voir également Ça ! menen rejouïssènço. 2. Caban, manteau de drap fort, pourvu d’un capuchon. 3. Jargau, habit de grosse toile. 4. Barrau, petit tonneau de transport, muni d’un gouleau, dans lequel les bergers en voyage transportaient le vin qui leur était nécessaire. 5. Calendau (de Calèndo, Noël), large pain, divisé par une entaille en forme de croix, qui figurait sur la table de Noël. On en donnait le premier morceau à un pauvre. C’est aussi la ration de pain donnée à un berger pour le temps qu’il passe hors de sa cabane pendant la journée. 6. Les premières éditions portent : Tout ou pagara la sau ; plus tard, on a mis Toujou pagaras la sau. Frédéric Mistral a rétabli le vrai mot tòuto, qui signifie taille, impôt. Tòuto pagara la sau, le sel (c’est-à-dire la gabelle, impôt payé sur le sel) paiera l’impôt.
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