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Calant de Vilafranca (En descendant de Villefranche) Traditionnel comté de Nice.
Voir également Mi sieu troumpa...

Dessin de Gustav Adolf Mossa paru dans Chansons niçoises harmonisées par Charles Pons, éd. Delrieu frères, pour illustrer Calant de Vilafranca. | | 1er couplet |
Calant de Vilafranca, Souta d’un caroubié, Faioun la contradansa Em’un sarjan fourié. | | En descendant de Villefranche, Sous un caroubier (1), Elles faisaient la contredanse Avec un sergent fourrier. |
Refrain |
Tralala, lalala, Li gandaula si maridon, Tralala, lalala, Li gandaula soun maridà. | | Tralala, lalala, Les dévergondées se marient, Tralala, lalala, Les dévergondées sont mariées (2). |
Ritournelle |
Vai que l’amour ti passera, Fai la vireta, fai la vireta, Vai que l’amour ti passera, Fai la vireta, fai la vira. | | Va, que l’amour te passera, Fais la pirouette, fais la pirouette, Va, que l’amour te passera, Fais la pirouette, fais le détour. |
2e couplet |
S’es maridat un rangou M’una qu’es sensa den. Sa maire n’es countenta, Soun paire n’en sau rèn. | | Un boiteux s’est marié Avec une édentée. Sa mère est contente, Son père n’en sait rien. |
3e couplet |
La filha n’es proumessa, Li an douna l’anèu. N’a plus de countentessa Que fin à San-Miquèu. | | La fille est promise (3), Ils lui ont donné l’anneau. Elle en a plus de satisfaction Qu’à la Saint-Michel (4). |
1. Le caroubier a longtemps été cultivé dans le terroir de Villefranche-sur-Mer. Son bois a fourni sa belle couleur rouge à la marqueterie locale, très appréciée pendant tout le XIXe siècle. D’où le sobriquet suça carouba (« suce-caroube ») dont lu Vilafranquié ont été affublés. Un dicton local précise que les plus pauvres des jeunes filles à marier n’y recevaient parfois en dot qu’un caroubié e un barriéu de m... ! Un autre dicton informe qu’À Vilafranca, l’aiga ti manca, lou vin ti soubra, suça carouba (« À Villefranche, l’eau te manque, le vin te reste, suça carouba »).
2. Peut-être faut-il voir ici le témoignage d’une tentative de moralisation de la société à l’époque de création de Calant de Vilafranca ? Les gandaula sont des « femmes de mauvaise vie », des « filles faciles ». Le mot viendrait du grec katabolê via le latin vulgaire catabola (le préfixe kata indiquant un mouvement descendant, cf. catastrophe, cataclysme) désignant l’action de tomber, puis le loquet pour lequel le mouvement de haut en bas est évident. Le provençal faire la cadaulo (« tomber, céder, lâcher prise ») permet de comprendre comment le nissart a pris un sens différent désignant une femme disposée à tomber dans la débauche, à céder facilement (devant les avances d’un « galant »).
3. Proumessa : fiancée.
4. Très tôt, l’Église a christianisé le substrat des précédentes croyances sur lesquelles elle s’est développée. C’est par exemple le cas des fêtes païennes liées aux solstices et aux équinoxes, qui ont reçu le nom des archanges et des évangélistes : la Saint-Gabriel (a) le 24 mars, à proximité de l’équinoxe de printemps ; la Saint-Jean « d’été » le 24 juin, à proximité du solstice d’été ; la Saint-Michel le 29 septembre, à proximité de l’équinoxe d’automne ; Noël le 25 décembre et la Saint-Jean « d’hiver » le 27 décembre, à proximité du solstice d’hiver. Dans le monde rural, l’équinoxe d’automne – donc la Saint-Michel – marquait la fin des travaux des champs, la fin des récoltes ; c’était le moment de dresser le bilan de l’année agricole écoulée, de payer les fermages et de renouveler les engagements, en particulier pour les employés (de maison et des champs). Ici, la fille est plus satisfaite d’avoir reçu l’anneau (de fiançaille) que si elle avait été (ré)embauchée à la Saint-Michel.
(a) Ce n’est que très récemment que la Saint-Gabriel a été déplacée du mois de mars vers le mois de septembre, pour être regroupée avec la Saint-Michel, de façon à regrouper le même jour la fête des archanges Gabriel, Michel et Raphaël.
Bibliographie | • | Delrieu (Georges), Anthologie de la chanson niçoise, Nice, éd. Delrieu et Cie, 1960, p. 164. | • | Tosan (Albert), Princivalle (Gaël) et d’Hulster (Frédéric), Anthologie de la chanson du comté de Nice, Nice, Serre éditeur, collection « Encyclopædia niciensis – Patrimoine régional », vol. III, 2001, p. 60. | • | revue Armanac nissart, Nice, 1942, p. 20. | • | revue Lou Sourgentin, Nice, n° 146, 2001, p. 45. |
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