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Lou Festin dei verna (Le Festin des aulnes) Paroles niçoises François Guisol. Traditionnel comté de Nice. Sur l’air Chantons, enfants de Nice.
À l’époque, Nice n’était encore qu’une petite ville dont la population était presque entièrement concentrée dans l’actuelle vieille ville. Aux premiers jours du printemps, les Niçois partaient à la campagne déjeuner sur l’herbe au bord du Var, sous les grands aulnes. Lou Festin dei verna avait lieu au quartier de Sainte-Marguerite le lundi de Pentecôte.
Le timbre de la seconde partie du refrain (« Es lou festin dei verna... ») se retrouve à l’identique en Belgique dans Saint Fiacre aux artichauts, chanson traditionnelle du sud de la Wallonie.
Sur cet air du Festin dei verna, François-Dominique Rondelly, dit Menica Rondelly a écrit plusieurs textes, parmi lesquels A la bella poutina, Viva la pesca, Viva l’estocafic !
Voir également À San-Jouan, Cansoun nissarda.

Aquarelle de Gustav Adolf Mossa pour illustrer Lou Festin dei verna. | | 1er couplet |
Lou mès de Mai es arribat, Lou plus bèu es ahura. Anèn culhì li flou dòu prat E la frucha madura (1). | | Le mois de mai est arrivé, Le plus beau, c’est maintenant. Allons cueillir les fleurs du pré Et le[s] fruit[s] mûr[s]. |
Refrain |
Belli partida De Santa-Margarida. Sus l’èr dei tendre passeroun Faguèn retentì de cansoun, Faguèn, faguèn retentì de cansoun. Es lou festin dei verna Que tan bèn n’en gouverna, Que tan, que tan, Que tan bèn n’en gouverna. | | Belles parties À Sainte-Marguerite. Sur l’air des tendres passereaux Faisons retentir des chansons, Faisons, faisons retentir des chansons. C’est la fête champêtre des aulnes Qui si bien nous gouverne (2), Qui si, qui si, Qui si bien nous gouverne. |
2e couplet |
Cad’an pèr aquesta sesoun Paire, enfan, maire e filha Venès au Var sus lou gasoun De familha en familha. | | Chaque année en cette saison Père, enfant, mère et fille Venez au Var sur le gazon De famille en famille. |
3e couplet |
N’oublidès pas lou saucissoun, Lou jamboun, la toumeta. Aven a doui pas dei bouissoun Li plu tendri faveta. | | N’oubliez pas le saucisson, Le jambon, la tomette. Nous avons à deux pas des buissons Les plus tendres févettes. |
4e couplet |
En arriban soubre lou luèc Dai fecoundi limita, Si preparèn à faire fuèc E bulhi la marmita. | | En arrivant sur les lieux Aux fécondes limites, Nous nous préparons à faire du feu Et bouillir la marmite. |
5e couplet |
Un courre lèu cercà de tronc, Assende la basana, Et nautre faguèn su lou jounc Audi li nouostri ourgana. | | L’un court vite chercher du bois, Allume l’amadou, Et nous autres nous faisons sur le jonc (3) Entendre nos belles voix. |
6e couplet |
A l’oumbra d’un fuèlhage estrech E verdejanti tenda, Faguèn d’assetat e de drech La plu sana merenda. | | À l’ombre d’un feuillage étroit Et d’une verdoyante tenture, Nous faisons assis et (ou) debout Le plus sain casse-croûte. |
7e couplet |
Se fauta de vin vous vèn souon, Reveia-vous jouinessa, Li Dama e Payan n’an de bouon Per creisse l’allegressa ! | | Si, faute de vin, vous vient [le] sommeil, Réveillez-vous, jeunesse, Les Dames et Payan (4) en ont du bon Pour faire croître l’allégresse ! |
8e couplet |
Après un bouon past frugal, Agradable e campestre, Cantèn, virèn, sembla lou bal D’un paradis terrestre. | | Après un bon repas frugal, Agréable et champêtre, Chantons, tournons, on dirait le bal D’un paradis terrestre. |
Jean-Baptiste Toselli (cf. infra Bibliographie) a publié, par erreur sous la signature de (Bernard ?) Martin-Saytour, une version de Lou Festin dei verna (Le Festin des aulnes) qui comprend le couplet complémentaire suivant, dans une graphie italianisante, venant s’intercaler avant le dernier couplet :
| | couplet A |
Canten, viren tout a l’entour Coma de ninfa messi, Celebren lou festin d’amour E de terra promessi. | | Chantons, tournons (dansons) tout à l’entour Comme des nymphes messagères, Célébrons le festin d’amour Et de terre promise. |
1. Pierre Berringer me signale que son père Louis, né dans le Babazouk en 1897, chantait la variante suivante : Lou mès de Mai es arribat, | Lou plus bèu es ahura. | La fava grana lou faiòu, | La cerièia es madura. Au festin de li verna | Si canta li lanterna, | Si can, si can, | Si canta li lanterna. (Le mois de mai est arrivé, | Le plus beau, c’est maintenant. | La fève [fait] grainer le haricot | La cerise est mûre. Au festin des aulnes | On chante les lanternes, | On chan, on chan, | On chante les lanternes.) D’une année sur l’autre, cette variante était chantée en alternance avec la version originale.
2. Dans son Dictionnaire niçois-français, Georges Castellana précise : gouvernà = gouverner, nourrir, et si gouvernà = se conduire.
3. Peut-être un panier renversé, tressé en jonc, sur lequel grimpait le chanteur, ou mieux, comme me le suggère Michel Savary, allusion à une flûte ou un fifre taillé dans un roseau (ou jounc, jonc, pour la rime), accompagnant les chants et donc par-dessus lequel on chanterait.
4. Li Dama (Les Dames) : nom d’une auberge dans le quartier de Sainte-Marguerite, qui se partageait la clientèle avec l’établissement tenu par la famille Payan. Dans le Vieux-Nice, un autre établissement du même nom, l’Hôtel des Dames (situé près du Cours, de la Terrasse et du Café Royal, en vogue au XIXe siècle), avait « une réputation un peu scabreuse et où la chronique galante s’alimentait volontiers en potins malicieux et en anecdotes croustillantes » (Victor Emanuel, L’Éclaireur de Nice).
Bibliographie | • | Delrieu (Georges), Anthologie de la chanson niçoise, Nice, éd. Delrieu et Cie, 1960, p. 154-155. | • | Tosan (Albert), Princivalle (Gaël) et d’Hulster (Frédéric), Anthologie de la chanson du comté de Nice, Nice, Serre éditeur, collection « Encyclopædia niciensis – Patrimoine régional », vol. III, 2001, p. 122-123. | • | Toselli Jean-Baptiste, Rapport d’une conversation sur le dialecte niçois, Nice, Ch. Cauvin, 1864, p. 125. | • | revue Nice historique, Nice, n° 9, 1907, p. 143 ; n° 10, 1910, p. 193. |
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