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Les traditions musicales du comté de Nice : Introduction - Métissage Chants populaires - Chansons animalières - Chansons galantes - Chansons de métiers Chansons engagées, politiques, sociales et satiriques - Chansons contemporaines Airs du carnaval de Nice - Airs de circonstance - Danses en couple - Danses à figures - Farandole - Festins - Rondes de mai Musique des enfants Carillons et glas - Musique sacrée et religieuse - Noëls du comté de Nice - Sanctuaires
Aperçu des musiques traditionnelles du Midi : L’Occitanie - Airs du carnaval de Limoux Le Piémont - La Provence - Noëls de Provence
D’autres horizons
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1. Circulation des idées musicales 2. Air Adieu, pauvre Carnaval 3. Airs Li Courdelli (Lei Courdello), El Desembre congelat (La Nit de Nadal), Allons, bergers, partons tous... 4. Interpénétration des genres musicaux (cross-over)
Circulation des idées musicales |
La circulation des idées n’est pas une notion uniquement contemporaine. Pas plus que d’autres territoires, le comté de Nice n’était enclavé, isolé : de tous temps, il a participé au brassage musical occidental. À l’exemple de la farandole et de la monferrina piémontaise qui se sont diffusées jusqu’en Bretagne à l’occasion des guerres de l’Empire, les « timbres » voyageaient de pays en régions, et aussi de genres en genres. Mais il n’est pas toujours aussi facile de suivre les itinéraires suivis par ces airs, adoptés et assimilés par de nombreux fonds traditionnels.
À quelques variantes près, le « timbre » de la Farandole niçoise est connu dans tout le littoral méditerranéen, du Languedoc au comté de Nice. Dans son Manuel moderne de fifre traditionnel, Jean-Michel Lhubac en publie deux versions : la Farandole du Clapas, issue du fonds sud-catalan, et le branle des Cornards, chanson carnavalesque du Bousquet-d’Orb (Hérault).
L’air du refrain dans Lou Festin dei verna se retrouve à l’identique en Belgique dans Saint Fiacre aux artichauts, une chanson traditionnelle du sud de la Wallonie.
Quant à l’air de la Farandoulo dei tarascaire (Farandole des tarascaire, ou « Farandole provençale »), il est encore bien perceptible dans un noël alsacien.
Exemple : Adieu, pauvre Carnaval |
Ainsi, le timbre répandu dans toute l’Occitanie sous le nom d’Adièu paure Carneval est connu en Auvergne sous le nom d’air d’Albanese daté du XVIIIe siècle, ainsi qu’en Bretagne où il est employé dans le cantique O soñjal en hon pec’hejoù... Ce timbre est attribué soit à Giovanni Battista Pergolesi, soit à Égide Joseph Ignace Antoine Albanese, compositeurs du XVIIIe siècle, dont l’un ou l’autre a mis en musique le poème Les Tendres Souhaits (ou Les Souhaits), plus connu par son premier vers : « Que ne suis-je la fougère... ». Le comté de Nice se l’est approprié dans un noël. Un avatar récent de ce timbre est le générique de fin de l’émission télévisée Bonne nuit, les petits.
Exemple : Allons, bergers, partons tous - Li Courdelli (Lei Courdello) - El Desembre congelat (La Nit de Nadal)... |
Autre exemple : le timbre utilisé en Provence dans la danse-jeu Li Courdelli ou Lei Courdello (Les Lacets), et connu dans le villancico (noël) du fonds catalan sous le nom El Desembre congelat (Décembre congelé) ou La Nit de Nadal (La Nuit de Noël), se retrouve dans : | | un cantique de Noël (Allons, bergers, partons tous ou Quand Dieu naquit à Noël) ;plusieurs chansons satiriques à la Révolution française (Le Grand Projet, La Guillotine, Nous conserverons le roi) ;une chanson à boire (Quand la mer Rouge apparut) ;des chants de métier des morutiers normands (Faut avoir du courage, La Pêche à la morue) ;plusieurs noëls français pour orgue des XVIIe et XVIIIe siècles :
– Bon Joseph, écoute moi (Nicolas Chédeville),
– Noël n°10 du Livre d’orgue (Louis Claude Daquin, ou d’Aquin),
– Où s’en vont ces gais bergers ? (Claude Balbastre, Marc-Antoine Charpentier),
– Quand Jésus naquit à Noël (Claude Balbastre) ;ou des noëls traditionnels régionaux :
– Allons, bergers (Béarn, Gascogne),
– Les Bergers de Bethléem (Québec, Canada),
– Que chacun s’arme soudain ;des vaudevilles :
– opéra comique Le Bouquet du roi (Jean Joseph Vadé), air « C’est savoir se retourner... »,
– comédie Les Républicains français, ou La Soirée du cabaret, air « Sachez que mon goût... »,
– comédie La Revanche forcée (Jacques Marie Deschamps),
– cantate profane La Tentation de saint Antoine, air « Le saint, craignant de pécher ». |
Voir également Le cinéma.
Le Grand Projet (1791). Chanson satirique ayant connu un succès certain pendant la Révolution française, qui visait Condorcet, l’homme à projets, et Danton, le tyran.
Paroles François Marchant, séquencement Midi par J.-G. Maurandi. « La Guillotine » ou « C’est un coup que l’on reçoit » (1789), chanson satirique visant la machine du député Guillotin.
« Nous conserverons le roi ». La souveraineté dévolue au peuple par la Constitution de 1791.
Paroles François Marchant. Nouvé grassenc (Noël grassois). La Pêche à la morue, chant de métier des morutiers normands, tiré de Drôleries sur le Pollet et les Polletais (ou « manuscrit du Pollet » daté de 1842) qui décrit la vie dans ce quartier maritime de Dieppe. Faut avoir du courage, autre chant de métier sur le même timbre, servait à virer au guindeau sur les terre-neuvas fécampois.
Traditionnel Normandie. Quand la mer Rouge apparut, ou C’est notre grand-père Noé, chanson à boire extraite d’un vaudeville du XVIIe siècle. Semble être la première occurence connue du timbre.
Sachez que mon goût..., chanson extraite de la comédie Les Républicains français, ou La Soirée du cabaret.
Paroles Joseph Quesnel. Le saint, craignant de pécher, partie de la cantate La Tentation de saint Antoine.
Interpénétration des genres musicaux |
À cette circulation géographique et temporelle, il faut bien sûr ajouter l’interpénétration des différents genres (le cross-over, déjà !). Par exemple, des airs extraits d’opéras ou d’opérettes sont passés dans la musique traditionnelle du comté de Nice (ainsi que dans les musiques des fecos du carnaval de Limoux) : | | ainsi, L’Elisir d’amore (L’Élixir d’amour, 1832) par Gaetano Donizetti a fourni le thème d’une polka, tirée de la barcarolle Io son ricco, e tu sei bella (Dulcamare/Adina) et de l’air Ei corregge ogni difetto (Dulcamara) ;ou encore, l’air « Quand on est fille, hélas ! » extrait de l’opéra-comique Le Cheval de bronze (D. F. Esprit Auber, 1835) se retrouve dans la chanson La Miéu Bella Nissa ;le dernier thème de l’Offerte des festins serait, selon Georges Delrieu, un emprunt à « Robert Wallace ». |
Le Cheval de bronze, acte II, n° 9 « Quand on est fille, hélas » (Peki).
Musique D.F.E. Auber, séquencement Midi par J.-G. Maurandi. L’Elisir d’amore (L’Élixir d’amour), acte II, scène 1 (n° 7 à 10) : barcarolle a due voci Io son ricco, e tu sei bella « Je suis riche, et tu es belle » (Dulcamare, Adina).
Musique Gaetano Donizetti, séquencement Midi par J.-G. Maurandi. L’Elisir d’amore (L’Élixir d’amour), acte II, scène finale (n° 85) : air Ei corregge ogni difetto (Dulcamara).
Musique Gaetano Donizetti. Poulkà (Polka), d’après L’Elisir d’amore (L’Élixir d’amour) de Gaetano Donizetti.
Inversement, et depuis le XIXe siècle, des thèmes populaires du comté de Nice ou de Provence sont utilisés dans la musique académique. Voici quelques exemples, par ordre alphabétique des compositeurs : | | pour composer la « farandole » de son Arlésienne, Georges Bizet a emprunté le noël provençal intitulé La Marcho di rèi (La Marche des rois, également connu par son premier vers « De bon matin, j’ai rencontré le train... ») qu’il a imbriqué avec le thème des chivau-frus (les « chevaux-jupons ») – support musical des jeux de la Fête-Dieu à Aix-en-Provence –, puis superposés dans la fugue finale ;le 3e mouvement « Pastorale » du Concerto grosso n° 1 par Ernest Bloch est composé de plusieurs thèmes traditionnels, dont celui de Se canto ;le recueil Chants d’Auvergne par Joseph Canteloube contient la berceuse Souòn, souòn ;le noël La cambo me fai mau (La jambe me fait mal), ou Li a proun de gènt que van en roumavage, attribué à Nicolas Saboly (XVIIe siècle), est réutilisé par Émile Goué dans son Noël languedocien (Trois pièces faciles pour quatuor à cordes, op. 28) composé en captivité pendant l’année 1941 ;l’opéra Mireille composé en 1864 par Charles Gounod, sur un livret de Michel Carré d’après le poème Mirèio de Frédéric Mistral, contient à l’acte II la Chanson de Magali qui reprend le thème d’O Magali ;le compositeur catalan Miguel Llobet a transcrit pour guitare seule le timbre El Desembre congelat dans son opus Canciones populares catalanas (Chansons populaires catalanes) sous le titre La Nit de Nadal (La Nuit de Noël) ;Richard Strauss n’a vraisemblablement pas été en contact avec la culture musicale du comté de Nice. Pourtant, dans son Feuersnot composé en 1901, l’air de la « scène d’amour » ressemble étrangement au thème lent de l’ouferta dòu festin (offerte des festins) ;dans son Humoresque opus 10-2, Tchaïkovski a utilisé le thème semplice ma espressivo de Lou Roussignòu que vola, qu’il a entendu durant son séjour à Nice pendant l’hiver 1871-1872. |
L’Arlésienne, Suite n° 2 (n° 4 : « Farandole »). Musique Georges Bizet, séquencement Midi par J.-G. Maurandi. La Chanson de Magali, opéra Mireille d’après le poème Mirèio de Frédéric Mistral, acte II. Musique Charles Gounod, séquencement Midi par J.-G. Maurandi. Li Chivau-frus (Les « Chevaux-jupons » ou « chevaux-fringants »). La Marcho di rèi (La Marche des rois mages).
La variété n’est pas en reste : la valse musette Dédé de Montmartre (du film Dédé la Musique, musique Roger Dumas, paroles Gaston Montho) est passée dans le répertoire de danse du comté de Nice.
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