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D’autres horizons

Analyse musicale des noëls de Nicolas Saboly, dit Micoulau Sabòli
L’analyse musicale présentée ci-après ne porte que sur les 61 (1) noëls publiés du vivant de Nicolas Saboly, dit Micoulau Sabòli, et se base sur la réédition de 1856 par Fr. Seguin. Pour 26 d’entre eux (soit près de la moitié), Nicolas Saboly a composé d’une à trois variantes différentes, sous le même titre et avec les mêmes paroles provençales, simplement différenciées par les mentions bis, ter, quater, soit un total – versions de base et toutes variantes confondues – de 97 timbres.
D’après Fr. Seguin, 44 de ces 97 timbres (soit environ 45 %) sont attribuables à Nicolas Saboly, alors que 53 noëls (soit environ 55 %) sont des réemplois d’airs pré-existants, dont quelques-uns de la main de Nicolas Saboly lui-même.
Formes littéraires et musicales |
Pour les 61 versions de base, Nicolas Saboly n’a utilisé que 6 fois la forme rondo : Ai proun couneigu, Auprès d’aquel estable, L’estrange deluge, Li a proun de gènt que van en roumavage, Per noun languì long dòu camin et Tòni, Guihèn, Peiroun. Les noëls restant sont de forme linéaire, c’est-à-dire ne comportant qu’une suite de couplets. Le genre littéraire des paroles est : | | une narration pure : 66 %une narration incluant une ou quelques répliques : 26 %un dialogue intégral : 8 % | Enfin, 2 noëls utilisent dans leurs paroles la figure de style de la concaténation (2) (Auprès d’aquel estable, Tòni, Guihèn, Peiroun) et 4 autres noëls celle de l’épanadiplose (3) (Ai ! quouro tournara lou tèms, bregado ?, Qui vòu faire grand journado, Soun très ome fort sage et Viven urous e countènt). |
Répartition du nombre de couplets dans les noëls (par ordre décroissant d’emploi) : | | 6 couplets : 28 %5 couplets : 22 %7 couplets : 20 %4 couplets : 15 %8 couplets : 5 %3, 9 et 12 couplets : 10 % |
Le nombre de mesures de chacun des noëls se répartit ainsi : | | 16 mesures : 25 %24 mesures : 13 %12 mesures : 12 %longueurs diverses : 50 % | Les valeurs extrêmes concernent les longueurs de 6 mesures (Micoulau noste pastre et Nautre sian d’enfant de cor, soit 2 %) et 34 mesures (Viven urous e countènt et L’estrange deluge, soit 2 %). Nicolas Saboly a composé un départ en anacrouse pour environ 58 % des 97 noëls. |
Les tonalités se partagent dans les catégories suivantes : | | mode mineur : 57 % (dont sol mineur 27 %, la mineur 18 % et ré mineur 6 %, le reste se répartissant entre do, mi et si) ;mode majeur : 42 % (dont fa majeur 25 % et do majeur 8 %, le reste se répartissant entre la, ré, sol et si bémol) ;1 seul noël (Uno estello, version ter) comporte un changement d’armure, de la mineur à la majeur. |
L’intervalle initial s’analyse ainsi pour les 97 timbres : | | par fréquence décroissante d’utilisation seconde majeure : 30 %seconde mineure : 22 %quarte juste : 19 %quinte juste : 15 %tierce mineure : 8 %tierce majeure : 6 % | | par type d’intervalle seconde mineure : 22 %seconde majeure : 30 %tierce mineure : 8 %tierce majeure : 6 %quarte juste : 19 %quinte juste : 15 % | La « célèbre » quarte juste semble donc ne pas être l’intervalle initial préféré de Nicolas Saboly ! |
L’ambitus du thème de chaque noël se présente ainsi : | | par fréquence décroissante d’utilisation octave (ou octave diminuée) : 34 %octave plus seconde mineure : 13 %sixième mineure : 12 %octave plus seconde majeure : 11 %septième mineure : 8 %octave plus tierce mineure : 7 %octave plus quarte juste : 5 %quinte juste : 3 %octave plus tierce majeure : 2 %octave plus quinte juste : 2 %quarte juste : 1 %sixième majeure : 1 %septième majeure : 1 % | | par ambitus quarte juste : 1 %quinte juste : 3 %sixième mineure : 12 %sixième majeure : 1 %septième mineure : 8 %septième majeure : 1 %octave (ou octave diminuée) : 34 %octave plus seconde mineure : 13 %octave plus seconde majeure : 11 %octave plus tierce mineure : 7 %octave plus tierce majeure : 2 %octave plus quarte juste : 5 %octave plus quinte juste : 2 % | L’amplitude de l’ambitus est habituellement l’une des indications permettant d’estimer l’ancienneté d’un air, d’autant plus ancien que l’ambitus est petit. Mais pour le plus petit ambitus employé par Nicolas Saboly – la quarte juste – qui se trouve dans le noël Bon Diéu ! La grand clarta ! (publié en 1668 dans le 1er cahier), Fr. Seguin affirme que ce timbre a été composé par Nicolas Saboly. La date de composition est donc facile à reconstituer : entre 1639 (4) et 1668 (date de première publication). Le plus petit ambitus pour un timbre non composé par Nicolas Saboly – la quinte juste – se rencontre dans Lorsque vous sarés malaut (publié en 1673 dans le 7e cahier, Fr. Seguin indique « sur l’air Si vous êtes amoureux »), il est donc vraisemblable que cet air soit l’un des plus anciens. |
Les noëls se concluent selon l’une des cadences suivantes : | | cadence parfaite (5) : 88 %cadence plagale (6) : 2 %autres conclusions : 10 % |
1. Le noël numéro 54, Dialogo de dous nouvelisto (Dialogue de deux nouvellistes), ne comporte pas de musique, il ne fait donc pas partie de la présente étude. 2. Concaténation : figure de style qui consiste à répéter la fin d’un couplet en début du couplet suivant. 3. Épanadiplose : répétition d’un vers ou d’un groupe de vers en début et en fin de chaque même couplet. 4. Date du premier poste d’organiste et de maître de chapelle occupé par Nicolas Saboly (à la cathédrale Saint-Siffrein de Carpentras). 5. Cadence parfaite : enchaînement de l’avant-dernière note la plus grave de l’harmonie à la dernière note la plus grave, du degré V (dominante) au degré I (tonique). 6. Cadence plagale : enchaînement de l’avant-dernière note la plus grave de l’harmonie à la dernière note la plus grave, du degré IV (sous-dominante) au degré I (tonique).
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